RDC : Randgold rachète au controversé Dan Gertler le gisement aurifère de Moku
Si des discussions avaient déjà eu lieu entre le patron sud-africain Mark Bristow et l’homme d’affaires israélien controversé Dan Gertler, Randgold avait refusé de racheter la mine, jugeant alors le gisement insuffisamment porteur. Le groupe britannique a finalement trouvé un accord pour le rachat du projet minier.
Le projet d’exploration aurifère de Moku-Beverendi dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) change de main. « Randgold gagnera une participation d’au moins 51 % dans le projet en finançant et en dirigeant l’exploration, de même qu’en réalisant une étude de préfaisabilité », a fait savoir la société minière domiciliée dans les îles anglo-normandes de Jersey.
La Société minière de Moku-Beverendi SA était détenue majoritairement par la société Moku Goldmines, propriété à 65 % de Fleurette (qui a confirmé l’opération dans un communiqué publié ce mercredi 20 avril), le holding familial de l’homme d’affaires israélien controversé Dan Gertler. La société publique Société minière de Kilo Moto SA (Sokimo), contrôlée par l’État, en est également actionnaire à 35 %.
Le coût de la prise de participation de Randgold n’a pas été divulgué. Dans son communiqué, Fleurette — qui avait acquis des licences d’exploration sur la zone en 2011 — rappelle simplement que « 51 millions de dollars ont déjà été investis dans le projet ».
Après la prise de participation de Randgold dans le projet, les parts de Fleurette et de Sokimo, qui demeurent actionnaires, n’ont pas été précisées.
Retournement
C’est un retournement par rapport aux intentions affichées par le patron sud-africain de Randgold, Mark Bristow. Fin 2014, reconnaissant que des discussions avaient eu lieu avec Fleurette, il avait très clairement fait entendre son peu d’appétit pour le rachat. « On a évoqué un gisement de 5 millions d’onces pour cette prétendue ‘mine’ de Moku. Je vous le dis tout net : il n’existe pas, en dehors de l’imagination de quelques affairistes et journalistes ! » confiait alors Mark Bristow à Jeune Afrique.
Un changement de pied, donc, qui confirme que Randgold est à la chasse aux gisements à prix cassés sur le continent, ainsi qu’il l’annonçait lui-même à Mining Indaba en février. « Certaines des sociétés qui détiennent des projets d’exploration miniers sont désormais à court de liquidité », a indiqué Mark Bristow, cité par Reuters, à l’occasion d’une conférence de presse tenue à Kinshasa mardi.
Exploration à nouveau étendue en RDC
Cette nouvelle acquisition « porte le portefeuille d’exploration de Randgold en RDC à 7 824 km² de superficie, s’étendant sur la grande ceinture aurifère du nord-est du pays », écrit encore l’entreprise britannique dans son communiqué. Une zone dans laquelle, début janvier, Randgold a formé des co-entreprises avec trois sociétés canadiennes.
Par ailleurs, une partie des 1,270 kilomètres carrés du projet minier de Moku-Beverendi est limitrophe de la mine géante de Kibali, que Randgold détient à 45 % au côté du sud-africain Anglogold Ashanti et de l’État, via Sokimo, ce qui pourrait permettre certaines économies d’échelle.
Kibali a produit 642 700 onces d’or en 2015 s’est félicité Mark Bristow, contribuant aux solides résultats de Randgold sur le continent.
Avec une production de 1,2 million d’onces d’or en 2015, en hausse de 6 % en un an, la compagnie minière a dégagé 212,8 millions de dollars (environ 195 millions d’euros) de bénéfice, un résultat remarquable, alors que le cours de l’once est resté en dessous de 1 200 dollars l’an dernier, contre environ 1 300 dollars en 2014 et près de 1 700 dollars début 2013.
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