Islamophobie : un étudiant irakien refoulé d’un vol à Los Angeles après avoir dit « Inch’Allah »

Les faits se sont déroulés au début du mois d’avril à l’aéroport de Los Angeles. Un étudiant irakien de Berkeley a été débarqué de son vol pour Oakland après avoir tenu une conversation en arabe.

Khairuldeen Makhzoomi, étudiant irakien à Berkeley. © Capture d’écran Facebook.

Khairuldeen Makhzoomi, étudiant irakien à Berkeley. © Capture d’écran Facebook.

Publié le 20 avril 2016 Lecture : 3 minutes.

« Inch’Allah, Inch’Allah »

Son crime ? Parler arabe au téléphone. Effrayée par la scène et la discussion qu’elle ne comprenait pas, une passagère d’un vol Los Angeles-Oakland du 6 avril, de la compagnie Southwest Airlines, a alerté les agents de sécurité sur ce comportement hautement suspect à ses oreilles.

Khairuldeen Makhzoomi, un étudiant de 26 ans, issu d’une famille irakienne qui a fui le régime de Saddam Hussein, ne se doutait pas qu’une simple discussion avec son oncle à Bagdad susciterait une telle panique. Il lui racontait qu’il avait assisté à Los Angeles à une réunion avec le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

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« [Ce que je disais], c’est une expression arabe. Quand vous dites ‘Inch’Allah, Inch’Allah’, ça signifie ‘Si Dieu le veut’ », explique-t-il au site USA Today College. « [Je disais donc à mon oncle :] ‘Je l’espère, je l’espère, je t’appelle’ quand je suis arrivé ».

De son côté, Khairuldeen Makhzoomi explique avoir remarqué très vite le comportement suspect de la passagère : à peine s’était-elle assise qu’elle a quitté l’avion. À raison, il s’est demandé si elle n’allait pas lui causer des ennuis. « Elle n’a pas cessé de me regarder pendant que j’étais au téléphone, et la seule chose que je pouvais penser était : « J’espère qu’elle n’est pas en train de me signaler ».

Southwest Airlines appelle le FBI

Quelques minutes plus tard, il était évacué de l’avion et conduit dans un bâtiment pour y être interrogé pendant 45 minutes par deux agents de la compagnie aérienne, dont l’un parlait arabe. Un vrai interrogatoire au cours duquel on l’a suspecté et accusé d’être un terroriste.

« Regarde ce que tu as fait », lui aurait ainsi lancé l’un des agents, l’accusant d’avoir retardé le vol. Le jeune homme va tout tenter : montrer son téléphone, ses textos, se justifier. Rien n’y fera, il ne pourra pas rembarquer. Pire, l’un des agents appelle le FBI et lui interdit de prévenir sa mère qui l’attendait à l’arrivée. Ce qu’il fait malgré tout. Un officier menace alors de le menotter s’il ne pose pas son téléphone. Un autre agent revient avec trois bagages : le jeune homme n’en avait qu’un seul et nie, malgré les accusations, en avoir eu plusieurs dans l’avion. D’autres agents de police arrivent avec un chien et inspectent les sacs. Lui est fouillé et fond en pleurs. Les agents du FBI, consciencieux, le conduisent alors dans une autre pièce pour lui poser des questions. Selon ces derniers, la passagère a déclaré qu’elle l’avait entendu prononcer des mots qui ressemblaient à « jihad ». Voilà donc le fin de mot de l’histoire.

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« Avec l’islamophobie, tout le monde est coupable, Arabes et musulmans »

Évidemment, les « accusations » ne tiennent pas et le jeune homme sera finalement relâché et replacé sur un autre vol. Celui d’une autre compagnie aérienne. Il atterrira avec quelque huit heures de retard. « Avec l’islamophobie, tout le monde est coupable, Arabes et musulmans sont coupables jusqu’à ce qu’ils prouvent le contraire », déplore-t-il.

Le FBI a présenté rapidement et officiellement des excuses, condamnant toute discrimination, et arguant du fait qu’ils étaient simplement intervenus après un appel de la compagnie aérienne. Du côté de cette dernière, c’est plus compliqué : si elle a appelé l’étudiant pour s’excuser, elle ne souhaite pas le faire publiquement. Ce que réclame sans condition le jeune homme. « L’islamophobie se répand dans le pays, et si on ne l’appelle pas par son nom – si nous ne reconnaissons pas que nous avons un problème, nous ne serons pas en mesure de le régler ».

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Son message semble avoir été entendu. Sur sa page Facebook, le 19 avril Khairuldeen Makhzoomi annonçait qu’il venait de parler avec Barbara Lee. L’élue démocrate africaine-américaine, membre du Congrès, est connue pour ses engagements. En septembre 2001, trois jours après les attentats terroristes, elle fut la seule élue de la Chambre des représentants des États-Unis à voter contre l’envoi de troupes militaires en Afghanistan.

« Je suis reconnaissant de son soutien, de la sagesse de ses mots. Que dieu vous bénisse, et peut-être, je l’espère, nous nous rencontrons. Dieu vous protège. »

https://www.facebook.com/khairy.makhzoomi/posts/10157063911100001?pnref=story

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