Renault lâche Nissan au Maroc
Le groupe français a vendu la Siab, distributrice de la marque japonaise dans le royaume, au géant CFAO. Bien qu’alliés, les deux constructeurs préfèrent, en Afrique, faire cavaliers seuls.
Au sein de leur alliance – sous forme de participations croisées -, Renault et Nissan collaborent harmonieusement. Le constructeur japonais se concentre sur son implantation aux États-Unis et en Asie, le français sur ses forces en Europe et en Amérique du Sud. Le premier privilégie le marché des pick-up et des 4×4, le second celui des berlines et des monospaces. Mais cette entente cordiale n’est pas de mise en Afrique, un marché où les deux marques ne se font pas de cadeau tant elles le jugent prometteur.
Illustration de cette friction commerciale : la décision de Renault Maroc, annoncée le 6 juin, de revendre la Siab, l’importateur-distributeur de Nissan qu’il détenait depuis 1998, au géant de la distribution automobile en Afrique, le français CFAO (le montant de la transaction n’a pas été communiqué). « Renault Maroc veut concentrer ses efforts, ses investissements et ses moyens sur la croissance rapide des marques Renault et Dacia », explique M’Hamed Tazi, directeur de la communication de Renault Maroc. En clair, dans le royaume chérifien, Nissan devra se débrouiller tout seul pour commercialiser ses véhicules.
Avec des modèles low cost qui se vendent comme des petits pains (14 200 Logan écoulées au Maroc en 2009), le groupe Renault entend bien poursuivre sur sa lancée, sans disperser ses forces, en épaulant son allié qui n’a pas vendu plus de 1 300 véhicules en 2009 (1 700 en 2008), un chiffre bien timide alors que Hyundai, Suzuki et Mitsubishi, des marques occupant les mêmes segments que Nissan, ont le vent en poupe.
CFAO élargit sa gamme
FAO prévoit, en trois ans, de doubler le nombre de Nissan vendues. Pour réussir, il pourra s’appuyer sur son expérience en Afrique anglophone, où il distribue la marque japonaise depuis dix-huit ans (10 333 Nissan vendues en 2008). Cet achat de la Siab arrive à point nommé pour le distributeur français, qui souhaitait élargir sa gamme dans le royaume. Les pick-up et camions (Chevrolet et DAF Trucks) y constituaient 70 % de ses ventes en 2009, des segments qui ont souffert durement de la crise et des resserrements des crédits (- 25 % de chiffre d’affaires l’année dernière). « L’achat de la Siab nous renforce sur les véhicules particuliers, explique Laurence Tovi, porte-parole de CFAO. Nous pourrons ainsi profiter du développement de la classe moyenne marocaine. » Autre avantage pour le distributeur : ces véhicules Nissan seront issus de la zone euro et rééquilibreront un approvisionnement jusqu’à présent très orienté sur le yen.
Le désengagement de Renault dans la commercialisation de Nissan intervient alors que se bâtit actuellement l’usine de Renault Tanger Med, qui devrait produire 400 000 véhicules et servir de base low cost pour l’export. Initialement partenaire du projet, Nissan s’en était retiré en février 2009. Même si Renault affirme que le constructeur japonais a toujours vocation à le réintégrer, rien n’est prévu pour le moment. En Afrique, dans l’industrie comme dans le commerce, les deux alliés semblent préférer faire cavaliers seuls.
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