Le tout-terrain low cost bouscule le marché de l’automobile

Concurrencés par les modèles d’entrée de gamme, les 4×4 suréquipés n’ont plus la préférence des consommateurs. Une évolution qui déstabilise les distributeurs.

Publié le 13 octobre 2010 Lecture : 2 minutes.

Les concessionnaires ivoiriens sont sur le qui-vive. Depuis environ un an, le marché des véhicules pour particuliers change avec une rapidité inédite. Avec une constante cependant : parce que les routes n’en finissent pas de se dégrader – effet de la crise politico-militaire -, les 4×4 continuent d’occuper le haut du podium. Ainsi, selon les chiffres du Groupement interprofessionnel de l’automobile, sur environ 1 600 voitures de tourisme vendues entre janvier et août, plus de 900 sont des 4×4. Sauf que… dans cette gamme de véhicules de prestige, c’est le segment low cost, émergent, qui a désormais le vent en poupe. Et les modèles habituels, connus pour leur extravagance en options et équipements, sont de moins en moins prisés.

Dans le show-room de Luxury Cars, entreprise spécialisée dans la vente de voitures de luxe, à Abidjan, on fait grise mine. « Nos 4×4 se comportent toujours mieux que les berlines. Mais c’est clair que la crise économique favorise les voitures bon marché, que nous ne vendons pas ici », constate une commerciale, qui refuse de communiquer des chiffres témoignant de la mutation du marché.

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Chez Socida, concessionnaire officiel de Renault et de Suzuki, on est plus philosophe. « Je n’arrive pas à écouler les Suzuki Vitara que j’ai ici. En revanche, j’ai plus de 50 commandes en attente pour des modèles low cost comme le Dacia Duster », témoigne Étienne Tozan, chef des ventes. Et pour cause : le différentiel prix donne à réfléchir. Le Duster (groupe Renault) revient à 12,3 millions de F CFA (18 750 euros) pour son modèle Expression et à 13,3 millions de F CFA pour le modèle Dynamique (plus riche en options), quand le Grand Vitara coûte entre 21,5 millions (boîte de vitesses manuelle) et 22,5 millions de F CFA (boîte automatique). Du coup, les entreprises se tournent désormais vers les véhicules du groupe français pour équiper leurs cadres supérieurs.

D’ores et déjà, les constructeurs chinois tentent de profiter de cette nouvelle tendance du marché pour s’imposer. Outre le prix, ils mettent en avant des conditions de paiement flexibles pour les salariés. Chez Rimco Motors, qui représente les marques Great Wall et Changan, on propose aux consommateurs désireux d’acquérir une automobile des mensualités allant de 150 000 à 180 000 F CFA sur 36 à 60 mois.

De « faux » 4×4

La période est sans doute propice aux expérimentations. « Il y a quelques années, les cadres supérieurs ivoiriens considéraient Hyundai comme une sous-marque. Aujourd’hui, elle représente près de 20 % des achats de 4×4 », explique un professionnel du secteur.

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S’achemine-t-on en Côte d’Ivoire vers la mort des 4×4 de prestige ? Pas si sûr. Le confort, la sécurité et les performances qui ont convaincu les acheteurs ne sont bien entendu pas les mêmes que ceux des tout-terrain low cost. Dont certains sont en réalité de « faux » 4×4, avec seulement deux roues motrices.

Dans son show-room, Étienne Tozan en est convaincu : il a trouvé le secret pour convaincre sa clientèle « corporate » d’investir à nouveau dans de vrais 4×4… mais le garde précieusement. On imagine cependant que la question du standing social est au centre de son argumentaire commercial, désormais destiné à une clientèle encore plus réduite. Et encore plus riche.

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