Cinq choses à savoir sur Harriet Tubman, la première femme noire à figurer sur un billet américain
Bien moins connue que Rosa Parks, Harriet Tubman est pourtant une icône de la lutte contre l’esclavage. La décision, annoncée par le secrétaire américain au Trésor, de faire figurer son visage sur le nouveau billet de 20 dollars est historique et hautement symbolique.
Rosa Parks : une place assise… pour rester debout
Le 1er décembre 1955, Rosa Parks refusait de céder sa place à un passager blanc, dans le bus numéro 2857 de Montgomery, en Alabama, aux États-Unis. Sans le savoir, elle allait être l’un des principaux déclencheurs d’une marche pour les droits civiques des Africains-Américains qui allait changer le visage des États-Unis. Retour, soixante ans plus tard, sur un moment d’histoire et sur ses conséquences.
« Je suis ravi d’annoncer que pour la première fois en plus d’un siècle, le billet de 20 dollars portera sur son recto le portrait d’une femme, Harriet Tubman » (1822-1913), a déclaré mercredi 21 avril le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew. Une décision symbolique, plaçant sur le devant de la scène médiatique une icône de l’abolitionnisme.
Harriet Tubman a été une enfant esclave
Harriet Tubman, Araminta Ross de son vrai nom, incarne l’horreur du système esclavagiste. Elle est née vers 1820, de parents esclaves d’une famille de propriétaires d’une plantation dans le Maryland. Alors qu’elle n’avait que 6 ans, la fillette a été « louée » comme femme de ménage et nounou à une famille qui va lui infliger des sévices dont elle gardera toute sa vie les traces. Elle finira par être renvoyée dans la plantation du Maryland.
1849, la grande évasion
L’année 1849 est décisive pour Harriet : après une adolescence à l’image de son enfance, elle décide de fuir seule la plantation. Elle a environ 27 ans et se dirige vers la Pennsylvanie. Elle sera soutenue par l’Underground Railroad, organisation résistante blanche qui vient en aide aux fugitifs, de plus en plus nombreux à refuser l’esclavage. Elle s’arrêtera à Philadelphie où elle va travailler.
La décision de fuir était extrêmement courageuse. De nombreux chasseurs de primes étaient à leurs trousses. Se faire attraper était la garantie de subir leur cruauté, comme le marquage au fer rouge.
Résistante et combattante
Après avoir économisé de l’argent pendant un an, Harriet Tubman prend la décision de revenir clandestinement dans le Maryland pour libérer sa famille. Alors qu’elle est vivement recherchée, elle va réussir à les arracher aux griffes des maîtres. Mais elle ne s’arrêtera pas là, puisqu’elle reviendra, au cours des dix années qui suivirent, 19 fois, libérant 300 esclaves. Son courage hors du commun lui vaudra le surnom de Moïse. Et pas un seul de ses « passagers » ne mourra pendant ces voyages des plus risqués.
Taillée pour combattre, elle s’engage dans l’armée de l’Union pendant la guerre de Sécession. En 1863, elle est à la tête d’une expédition navale en Géorgie qui aboutira à la libération de 750 esclaves.
Une fin de vie dans la pauvreté et l’oubli
Après la guerre, Harriet Tubman n’a aucune ressource et va vivre dans une extrême pauvreté qui la condamnera à être domestique. Elle n’aura pas de retraite d’ancienne combattante et mourra dans l’anonymat en 1913, année de la naissance de Rosa Parks. Il faudra attendre les années 1960 pour qu’elle symbolise la résistance à l’oppression. Les Black Panthers en feront une icône.
Son visage sur un billet de banque, une ironie de l’histoire ?
Voir la figure de Tubman sur un billet de 20 dollars, le plus utilisé aux États-Unis, n’aura pas été une mince affaire. Elle aura d’abord été pressentie pour remplacer Alexander Hamilton (fondateur du parti fédéraliste) sur le billet de dix dollars. Mais c’est finalement le président Andrew Jackson qu’elle remplacera. Le président esclavagiste surnommé le « tueur d’Indiens ».
Si certains applaudissent, d’autres, comme le souligne un article du Washington Post, y voient un insupportable renversement symbolique : comment l’icône abolitionniste, qui a combattu le système qui a lancé l’économie américaine, peut elle dignement en devenir le symbole ?
Pour Evelyn Brooks Higginbotham, professeure d’African American Studies à Harvard, citée par le Washington Post, cette nouvelle est positive car Tubman a dépensé cet argent pour libérer les esclaves de leurs maîtres. « Cela nous dit quelque chose sur sa façon de concevoir l’utilité de l’argent. Elle a utilisé l’argent comme un moyen de changer l’humanité ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Rosa Parks : une place assise… pour rester debout
Le 1er décembre 1955, Rosa Parks refusait de céder sa place à un passager blanc, dans le bus numéro 2857 de Montgomery, en Alabama, aux États-Unis. Sans le savoir, elle allait être l’un des principaux déclencheurs d’une marche pour les droits civiques des Africains-Américains qui allait changer le visage des États-Unis. Retour, soixante ans plus tard, sur un moment d’histoire et sur ses conséquences.
Les plus lus
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Burkina Faso : entre Ibrahim Traoré et les miniers, une guerre de tranchées à l’ho...
- Guinée : ce que l’on sait de la mystérieuse disparition de Saadou Nimaga
- Sécurité présidentielle au Cameroun : Dieudonné Evina Ndo, une ascension programmé...
- Ilham Aliyev, l’autocrate qui veut « dégager » la France d’Afrique