Burundi : assassinat d’un lieutenant-colonel critique envers Nkurunziza
Emmanuel Buzubona a été tué mercredi en compagnie de son chauffeur par trois hommes armés de fusils et de grenades alors qu’il regagnait son domicile à Bujumbura.
Un officier de l’armée burundaise, Emmanuel Buzubona, a été tué par des hommes armés dans un quartier du nord de Bujumbura, la capitale du Burundi. Le militaire était issu des ex-rebelles hutus désormais au pouvoir mais était plutôt critique vis-à-vis du régime actuel.
« Hier (mercredi) vers 19h, le lieutenant-colonel Emmanuel Buzubona rentrait chez lui à Kinama sur une moto lorsqu’il a été tué en compagnie de son chauffeur par un groupe de trois hommes armés de fusils et de grenades », a expliqué un de ses voisins, sous couvert d’anonymat.
L’information a été confirmée jeudi par le porte-parole de l’armée burundaise, le colonel Gaspard Baratuza. Il a évoqué des assaillants ayant d’abord tiré sur l’officier burundais avant de lui lancer une grenade, qui l’a tué. « Une enquête policière est déjà en cours pour tenter de retrouver ses assassins ».
Partisans et opposants de Nkurunziza s’accusent mutuellement
Selon un haut gradé de l’armée, qui a souhaité conserver l’anonymat, le lieutenant-colonel Buzubona, ancien numéro 2 du renseignement militaire burundais, était « en congé » et sans aucune affectation depuis son retour de mission en Tanzanie il y a six mois.
Son assassinat n’a pas été revendiqué ce jeudi mais partisans et opposants du président Pierre Nkurunziza s’accusent mutuellement sur les réseaux sociaux d’en être les responsables.
Emmanuel Buzubona avait été arrêté le 12 décembre 2015 et relâché six jours plus tard par le Service national de renseignement
Les soutiens du camp présidentiel accusent les soldats issus de l’ancienne armée tutsie d’avoir abattu un officier hutu. De leur côté, leurs opposants dénoncent l’assassinat d’un soldat qui ne cachait pas son hostilité à la politique actuelle.
Le colonel Buzubona avait été arrêté le 12 décembre 2015 et relâché six jours plus tard par le Service national de renseignement, qui dépend directement du président. L’officier était soupçonné à l’époque d’avoir fait cause commune avec des insurgés opposés à un troisième mandat du président Nkurunziza.
La crise divise profondément la police et l’armée
Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que M. Nkurunziza a annoncé sa candidature à un troisième mandat en avril 2015. Un mandat qu’il a d’ailleurs obtenu en juillet au terme d’une élection controversée. Depuis le début de la crise, les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270 000 personnes à quitter le pays.
Selon des sources concordantes, la crise divise profondément la police et l’armée qui,aux termes de l’accord d’Arusha, sont désormais paritaires dans un pays où les Hutus représentent environ 85% de la population et les Tutsis 14%.
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