Afrique du Sud : Jacob Zuma blanchi dans une affaire de corruption pour un contrat de 4,8 milliards de dollars
Une commission d’enquête sud-africaine a blanchi le président Jacob Zuma et d’autres responsables gouvernementaux soupçonnés de corruption dans un contrat d’armement de plusieurs milliards de dollars impliquant notamment la société française Thalès.
Le chef de l’État sud-africain, Jacob Zuma, a lui-même rendu publiques les conclusions de la Commission qui le blanchissent, jeudi 21 avril. « La commission établit que rien ne corrobore les allégations largement répandues de corruption et de fraude dans le processus d’acquisition des armes », a déclaré Jacob Zuma.
« Le gouvernement était d’avis que toute découverte pointant tout méfait devait être transmise aux autorités compétentes chargées de faire respecter la loi. Il n’y a pas de telle conclusion et la commission ne fait pas de recommandation », a-t-il ajouté lors d’une allocution télévisée depuis le Cap, la capitale parlementaire.
Une accusation datant de 2007
Cette commission avait été nommée par Jacob Zuma lui-même en 2011, afin de faire la lumière sur des accusations de fraudes visant le chef de l’État. Celui-ci avait été inculpé, dès décembre 2007, de corruption, fraude et racket dans le cadre d’une enquête fleuve sur un contrat d’armement de 4,8 milliards de dollars conclu en 1999 par le gouvernement de l’ANC.
Dans le cadre de ce vaste contrat d’armement avec plusieurs sociétés, le gouvernement sud-africain avait acquis de nombreux équipements, dont des avions Gripen du groupe suédois Saab et des sous-marins.
Le parquet général avait finalement retiré, pour vice de forme, les charges contre Jacob Zuma, juste avant son élection à la présidence en 2009. Mais la presse sud-africaine estime que toute la lumière n’a pas été faite dans ce scandale, l’un des plus importants depuis la fin de l’apartheid en 1994.
Une déception pour l’opposition
L’opposition politique et les adversaires de la signature de ce contrat d’armement ont dénoncé ces conclusions qui visent, selon eux, à minimiser le scandale. « C’est exactement ce qu’on attendait, il n’y a aucune surprise. On veut étouffer l’affaire », a réagi Terry Crawford-Browne, un militant opposé à la signature du contrat et qui avait porté l’affaire devant la Cour constitutionnelle. Il avait finalement retiré sa plainte après la nomination de la commission, mais n’exclut pas désormais de saisir à nouveau la justice.
Pour le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), le rapport constitue une énorme déception qui épargne les personnes corrompues impliquées dans la signature. L’avocat Paul Hoffman, représentant des militants contre les contrats d’armement, avait qualifié de farce la commission d’enquête, dont un juge a d’ailleurs démissionné.
Les conclusions du rapport tombent à point nommé pour le président Zuma, au coeur de plusieurs scandales et qui a notamment été reconnu coupable fin mars d’avoir violé la Constitution en refusant de rembourser une partie des 20 millions d’euros d’argent public utilisés pour rénover sa propriété privée. L’opposition tente toujours d’obtenir de la justice que les quelque 700 charges de corruption contre le président Zuma, qui avaient été abandonnées en 2009, soient relancées.
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