Accord de libre-échange UE-Tunisie : la société civile veut une place à la table des négociations

Alors que les longues négociations sur l’accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et l’Union européenne viennent de s’ouvrir, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a tenu, ce jeudi, une conférence pour dénoncer le déséquilibre des discussions en faveurs des pays européens. Pour y remédier, la FTDES, quatre propositions pour rétablir l’équilibre entre les deux partenaires.

Le Premier ministre tunisien Habib Essid (dr.) et Federica Mogherin, Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le 20 juillet 2015 à Bruxelles. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

Le Premier ministre tunisien Habib Essid (dr.) et Federica Mogherin, Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, le 20 juillet 2015 à Bruxelles. © Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

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Publié le 21 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

La première concerne la fin des « diktats » libéraux imposés à la Tunisie. « Les réformes du statut de la Banque centrale et du Code des investissements ont été imposées par l’UE comme préalable à la mise en place de l’ALECA, dénonce Abdeljalil Bedoui, économiste à la FTDES. L’obligation de la stabilité financière et la facilitation de l’investissement étranger sans contrepartie profite aux pays européens et non à l’économie tunisienne. »

Deuxième point d’achoppement : la dette. Le Forum exige la reconversion de la dette tunisienne, qui représente 53,4 % du PIB (50,354 milliards de dinars, environ 22 milliards d’euros), en financement de projets.

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La troisième demande vise à inclure dans l’accord la libre circulation de la main-d’oeuvre avec la fin des visas et non plus seulement celle des produits manufacturés et des services. « Par exemple, si une entreprise tunisienne d’électricité remporte un appel d’offres dans l’UE pour l’éclairage d’un stade, elle ne pourra peut-être pas faire venir ses ingénieurs à cause des visas », précise Abdeljalil Bedoui.

Enfin, la FTDES veut que la société civile intègre officiellement les mécanismes de discussions institutionnelles pour peser plus concrètement sur les orientations de ces négociations.

L’agriculture au coeur des débats

L’agriculture – subventionnée dans l’UE et largement sous-développé en Tunisie – sera l’un des thèmes « délicat », selon l’aveu même de Ignacio Garcia Bercero, le représentant de l’UE pour l’ALECA. La récente décision de l’UE d’augmenter les quotas d’importation d’huile d’olive tunisienne est qualifié de simple « mesure temporaire et ponctuelle (…) qui vise à faciliter les exportations tunisiennes sur le marché européen afin d’aider les pays européens producteurs de l’huile d’olive à préserver leur part et leur position dominante sur le marché mondial », par plusieurs représentants de la société civile, dont la FTDES, qui se sont fendus d’un communiqué à ce sujet.

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L’ALECA est une intégration plus profonde la zone de libre échange mis en place en 1995 avec l’Accord d’association entre la Tunisie et l’Union européenne. Ce dernier prévoyait uniquement la fin des tarifs douaniers pour les produits industriels. L’ALECA doit permettre de libéraliser le commerce des services, simplifier les procédures douanières et protéger l’investissement.

Le premier round des négociations a eu lieu le 18 avril. La date des prochaines discussions n’est pas encore connue. Les négociations devraient durer entre de deux ans et demi à trois ans.

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L’Union européenne est le premier partenaire commercial de la Tunisienne. En 2014, les exportations tunisiennes vers l’UE ont représenté 73,4 % des exportations totales et 52,8 % des importations tunisiennes l’ont été en provenance de l’UE.

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