L’Afrique du Sud a déclaré la guerre aux sodas et dégaine de nouvelles taxes
Le pourcentage des Africains en surpoids augmente de façon inquiétante. Les autorités sanitaires sud-africaines ont trouvé leur cible : les boissons sucrées non-alcoolisées. Le ministère des Finances dégaine de nouvelles taxes.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 avril 2016 Lecture : 2 minutes.
Le lieu commun est atomisé : l’obésité n’est plus une maladie de « riches ». Dans certains pays d’Afrique du Nord ou d’Afrique australe, certains systèmes digestifs sont passés directement de la sous-nutrition à la surnutrition. La classe moyenne du continent n’échappe plus à la mal-bouffe occidentalisée et son cortège d’effets secondaires, parmi lesquels l’adiposité.
Dès le début des années 2010, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mettait en garde contre le spectre de l’obésité dans les pays du Sud. Dans un rapport publié le 25 janvier dernier, elle indiquait que sur les 41 millions d’enfants de moins de cinq ans en surpoids ou obèses dans le monde, un quart étaient africains. Sur le continent, leur nombre a presque doublé entre 1990 et 2014, passant de 5,4 millions à 10,3 millions.
Si un quart des « trop gros » du monde sont africains, un quart des Sud-africains seraient actuellement « trop gros«
L’Afrique du Sud, pays parmi les plus développés du continent, n’échappe pas à la tendance. Si un quart des « trop gros » du monde sont africains, un quart des Sud-africains seraient actuellement « trop gros ». Pour contrer la tendance, l’actuel gouvernement a décidé de suivre le modèle du Mexique et du Royaume-Uni, en s’attaquant à ces boissons sucrées aux couleurs parfois fluorescentes. Dès février, le ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, annonçait une augmentation des taxes sur les sodas, à compter de ce mois d’avril.
Si les fabricants de boissons sucrées distribuées en Afrique du Sud hurlent à la discrimination, les autorités ont beau jeu d’agiter les statistiques. Dès 2009, des chercheurs de l’Université Tufts de Boston indiquaient que « les sodas et autres boissons fruitées ou sucrées comme les thés glacés » seraient responsables de 184 000 morts par an dans le monde, par le diabète, les pathologies cardiovasculaires et, dans une moindre mesure, les cancers.
Encore faudrait-il que les populations prennent conscience des risques engendrés par l’accroissement du tour de taille.
La guerre contre l’obésité est donc déclarée en Afrique du Sud. Encore faudrait-il que les populations prennent conscience des risques engendrés par l’accroissement du tour de taille. Dans bien des contrées africaines, une femme aux formes opulentes inspire moins méfiance qu’une femme efflanquée, possiblement souffrante et manifestement mal entretenue par son époux. Quant à l’embonpoint qui projette l’homme vers l’avant, il est souvent le signe extérieur indispensable du succès professionnel. En Éthiopie, les ressortissants de la vallée de l’Omo, dans le sud-ouest du pays, organisent toujours des concours de panses, lors d’un festival dénommé « Kael » où le plus ventru est désigné « roi de beauté »…
À défaut de convaincre, par les canons de beauté, de l’intérêt d’être svelte, ne resterait-il donc plus qu’à frapper au portefeuille ? Les avis sont partagés. Certains citoyens indiquent que l’augmentation du prix de la viande ou de l’alcool n’a pas significativement fait chuter leur consommation. L’endocrinologue sud-africaine Tess van der Merwe confirme, elle, que la taxe sur les boissons sucrées non-alcoolisées ne devrait résorber la progression de l’obésité que si elle accompagnée d’une stratégie de prévention.
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