La Côte d’Ivoire et Maurice signent un accord de promotion des investissements
L’accord a été signé mercredi à Abidjan. Selon le Premier ministre mauricien, il ouvre la voie à la signature, à terme, d’un accord de non double imposition fiscale entre les deux pays.
Le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, et Xavier-Luc Duval, le Premier ministre adjoint, ministre du Tourisme et des Communications extérieures de Maurice, ont signé le mercredi 21 avril à Abidjan plusieurs partenariats visant à renforcer la coopération économique entre la première économie de l’Uemoa et l’île de l’océan Indien.
Les deux dirigeants ont visé un mémorandum d’entente sur la coopération entre le bureau d’investissement mauricien et le Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (Cepici), ainsi que deux accords économiques portant sur la promotion économique et la protection des investissements, d’une part, et sur la coopération économique, technique et financière d’autre part.
Ces deux accords doivent être formellement ratifiés avant leur entrée en vigueur.
Les échanges économiques et financiers entre Maurice et la Côte d’Ivoire restent « faibles » a reconnu Daniel Kablan Duncan, cité par l’agence officielle AIP. Avec la signature de cet accord, les autorités ivoiriennes espèrent notamment encourager les investissements en Côte d’Ivoire des opérateurs économiques et financiers basés à Maurice.
Une plateforme financière majeure
L’île de 1,3 million d’habitants s’est imposée au cours de la dernière décennie comme une plateforme financière majeure pour les projets en Afrique, hébergeant les holdings de plus en plus de sociétés d’investissements actives sur le continent.
En 2013, l’Association africaine du capital-investissement recensait « environ 165 fonds de capital-investissement actuellement enregistrés à Maurice », rappelle une étude de la Banque africaine de développement. Les actifs des banques commerciales représentaient 1 125 milliards de roupies mauriciennes en 2014 (environ 28 milliards d’euros) en 2014, soit 278 % du PIB du pays de Maurice, selon la dernière édition du rapport Perspectives économiques en Afrique.
Maurice a bénéficié d’un environnement réglementaire favorable au secteur privé (libéralisation des flux de capitaux, faible inflation, fiscalité simplifiée et faible), mais aussi d’une diplomatie économique assez efficace.
Maurice compte des accords de promotion et de protection des investissements avec huit pays africains dont l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Congo-Brazzaville, le Sénégal et la Tanzanie. Des traités de ce type ont été signés avec quatorze pays africains et sont en attente de ratification, notamment avec le Cameroun, la Zambie, le Ghana, le Gabon, le Kenya, le Zimbabwe et (désormais) la Côte d’Ivoire.
La question de la non double imposition
Selon Xavier-Luc Duval, les deux accords signés mercredi « ouvrent la voie » à la conclusion, à terme, d’un accord sur la non double imposition entre la Côte d’Ivoire et Maurice.
La conclusion d’un tel traité pourrait « rendre la Côte d’Ivoire plus attractive pour les fonds d’investissement », explique Youssouf Carius, vice-président de Bloomfield Investment Corporation, une agence de notation d’analyse financière basée à Abidjan. « Le secteur privé ivoirien pourra certainement profiter de l’attrait des acteurs basés à Maurice, qui accueille une grande majorité des fonds d’investissements actifs en Afrique. Cet accord de non double imposition va permettre non seulement d’améliorer les rendements de l’investissement à partir de Maurice mais aussi d’ouvrir la possibilité de mettre en place des leviers financiers (notamment pour les levées de fonds) à des conditions plus intéressantes pour les acteurs ivoiriens qui y seront installés », explique l’analyste.
La réussite de Maurice à attirer les investisseurs n’est toutefois pas sans créer de remous. Durant la première moitié de 2014, environ 4,19 milliards de dollars d’Investissements directs étrangers ont été réalisés en Inde depuis Maurice. Le pays, qui a signé un accord de non double imposition avec New Delhi, héberge les holdings de plusieurs sociétés actives en Inde mais hébergées à Maurice pour bénéficier d’une fiscalité plus attrayante. Une situation vue d’un mauvais oeil par les autorités indiennes. Ces dernières ont d’ailleurs exigé une révision de cet accord, dans le cadre de négociations entamées en octobre dernier.
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