Opposition en RDC : manifestation à Kinshasa, répression à Lubumbashi
Les forces de l’ordre ont dispersé dimanche une foule compacte qui marchait autour de l’opposant Moïse Katumbi à Lubumbashi, dans le sud de la RDC. Au même moment à Kinshasa, des partis d’opposition ont bravé l’interdiction de manifester près du stade des Martyrs.
Une journée sous haute tension en RD Congo. Le dimanche 24 avril, l’opposition a appelé à des manifestations à Kinshasa, Bukavu, Goma et Lubumbashi pour dénoncer le « glissement » du calendrier électoral et exiger la tenue de la présidentielle dans les délais constitutionnels.
Le même jour avait été choisi par le PPRD, principal parti de la coalition au pouvoir, pour – officiellement en tout cas – célébrer à Kinshasa le 26e anniversaire de l’avènement de la démocratie en RD Congo. Un rassemblement de soutien à peine voilé au prolongement du second et dernier mandat constitutionnel du président Joseph Kabila.
« À Kinshasa, nous avons bravé l’interdiction »
Malgré tout, la Dynamique, une plateforme qui rassemble des partis d’opposition, a pu tenir son meeting sur le Boulevard triomphal, près du stade des Martyrs. Une forte présence policière avait pourtant été signalée sur les lieux dès la matinée pour tenter de dissuader les manifestants de se rassembler, les autorités de la capitale congolaise n’ayant pas donné son autorisation à l’événement.
« Nous avons bravé l’interdiction », s’est réjoui Ève Bazaiba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC). Vital Kamerhe, leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC), a quant à lui remercié lui les Congolais qui ont répondu présents à l’appel de l’opposition.
Merci Peuple congolais le pouvoir est entre vos mains ds la lutte pour la démocratie
— Vital Kamerhe (@VitalKamerhe1) April 24, 2016
Auj #Kinshasa #Bukavu #Goma pic.twitter.com/ciNnBEwyUy
Gaz lacrymogènes et tirs à balles réelles à Lubumbashi
Mais à Lubumbashi, la police n’a pas hésité à lancer des grenades lacrymogènes pour disperser une foule compacte qui se dirigeait vers le lieu du meeting que devait tenir Moïse Katumbi, pressenti comme le plus sérieux candidat de l’opposition face au camp du président sortant.
https://twitter.com/EliseBarthet/status/724238170276147200
« Dès 5 heures du matin, des policiers, agents de sécurité et militaires, lourdement armés, ont quadrillé tous les ronds points de la Kenya », commune de Lubumbashi où le meeting devait avoir lieu, raconte à Jeune Afrique un témoin sur place.
Un dispositif sécuritaire qui a dissuadé la population de sortir jusqu’à ce que Moïse Katumbi lui-même se décide à marcher jusqu’au lieu du rendez-vous. L’ancien gouverneur a immédiatement été suivi par des milliers de personnes, scandant des chansons favorables à la tenue des élections.
À 100 mètres du lieu du meeting, les forces de l’ordre ont alors tiré des gaz lacrymogènes et des balles réelles en l’air. La foule s’est dispersée dans la confusion. Plusieurs personnes ont été blessées, d’autres arrêtées. « Y compris des chauffeurs et autres membres du cortège restés derrière la foule », indique une source sécuritaire de la Monusco sur place.
Manifestants dans les nuages de gaz lacrymogènes à Lubumbashi, le 24 avril 2015.
Moïse Katumbi et ses proches, touchés par les gaz lacrymogènes, ont été pris en charge par un groupe de manifestants qui les ont mis à l’abri dans une maison du quartier.
« Au lieu de réprimer la libre expression dans le pays, de poursuivre et d’arrêter des opposants politiques, de réprimer des manifestations pacifiques pour la démocratie, les autorités doivent se concentrer sur l’organisation des élections présidentielle et législatives libres, transparentes, crédibles et respectant les délais constitutionnels », avait anticipé Moïse Katumbi dans un communiqué publié à la veille du meeting.
Le même jour, deux enfants de Pierre Lumbi, ancien conseiller spécial du chef de l’État et membre du G7 (regroupement politique proche de Katumbi), avaient été interpellés à Lubumbashi par les services de sécurité. Une double arrestation qui s’ajoute à celle du professeur Huit Mulongo, ancien directeur de cabinet de Katumbi, le 22 avril, dans la même ville. Ainsi qu’à celles des deux membres de l’UNC à Kinshasa. Des « dérives totalitaires du pouvoir », dénonce Moïse Katumbi, qui condamne également les arrestations de manifestants et de « certains de [ses] proches.
2/ Plusieurs manifestants dont certains de mes proches ont été arrêtés. Je dénonce ces abus et demande leur libération immédiate.
— Moise Katumbi (@moise_katumbi) April 24, 2016
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