Pourquoi l’Afrique a besoin de programmes spatiaux

Je comprends que certains soient sceptiques face aux programmes spatiaux africains. Car l’accès à l’espace a toujours été une entreprise sérieuse, qui est à la fois dangereuse et coûteuse.

L’Afrique aurait bien besoin d’un programme spatial, peut-être plus que le reste du monde (photo d’illustration). © ALPHONSUS CHERN/AP/SIPA

L’Afrique aurait bien besoin d’un programme spatial, peut-être plus que le reste du monde (photo d’illustration). © ALPHONSUS CHERN/AP/SIPA

Odiallo
  • Ousmane Nasr Diallo

    Ousmane Nasr Diallo est ivoirien. Il est ingénieur à la station spatiale internationale de la NASA aux États-Unis.

Publié le 26 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

L’invocation de programmes mal conçus et exécutés comme celui du Zaïre de Mobutu doit interpeller tous les pays qui souhaitent se lancer dans la conquête spatiale. Même des programmes assez mûrs comme ceux de la Corée du Nord ou de la Chine continuent d’être soumis à des échecs humiliants et démoralisants. Je peux vous assurer que malgré sa position de leader incontesté dans le domaine d’accès à l’espace, la NASA continue de traiter chaque lancement de véhicule spatial ou chaque transport d’astronautes avec la plus grande rigueur.

Pour réussir tout projet technologique aussi élaboré que celui d’accéder à l’espace, il faut des cadres bien formés et compétents, disposant des connaissances technologiques les plus avancées. En ce sens, les critiques pointant le manque de réalisme du plan du Nigeria (comme envoyer des humains dans l’espace en 2030 – ce qui va demander beaucoup de ressources financières et humaines) sont bien fondées. Mais l’idée ne doit pas être ridiculisée, surtout pas par ceux qui ont une grande influence à travers le monde.

L’Afrique a, plus que le reste du monde, besoin de programmes spatiaux viables

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À la question : « L’Afrique n’a-t-elle pas d’autres priorités que le développement de programmes spatiaux ? », je pourrais répondre que l’Afrique a, plus que le reste du monde, besoin de programmes spatiaux viables. Pour cause, l’Afrique est le continent le plus exposé aux crises politiques et sociales, qui engendrent des déplacements massifs de populations. La majorité de ses économies vulnérables et fragiles reposent sur une agriculture peu modernisée, dépendante de la bienveillance climatique.

Imaginez ce qu’un programme spatial fiable pourrait faire pour l’Afrique, qui doit tôt ou tard songer à rattraper son retard sur le reste du monde, au-delà de la fierté nationale, au plan économique et sociologique.

Imaginez que les Africains :

– aient la capacité de prédire les changements climatiques, dont les sécheresse récurrentes et les inondations entraînent des pertes humaines et matérielles ;

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arrivent à mieux surveiller leurs frontières artificiellement tracées et poreuses depuis le ciel. Cela permettrait notamment de faire face au phénomène croissant de groupes au fonctionnement aussi archaïque que Boko Haram, qui fleurissent depuis des années ;

– puissent communiquer (téléphonie mobile et internet) à moindre coût (et ce avec des standards internationaux de plus en plus élevés et compétitifs), tout en nous libérant de notre dépendance aux satellites européens et en conservant l’intimité de nos nations.

L’espace est de loin la méthode la plus fiable pour observer des changements sur la Terre

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En fait,  l’espace est de loin la méthode la plus fiable pour observer des changements sur la Terre. Par exemple, c’est d’abord de l’espace que les dévastations de l’ouragan Katrina ont été comprises aux USA en 2005. C’est aussi grâce à des images obtenues par leurs satellites que les Américains ont été les premiers à connaître l’ampleur des dégâts du tsunami au Japon en 2011. Des images qui ont également servies à développer le plan d’aide international.

La jeunesse africaine est capable de concourir aussi bien athlétiquement qu’intellectuellement avec les meilleurs. Pour cela, nos gouvernants africains doivent investir dans des institutions de formations répondants aux nouveaux challenges du millenium. Car la priorité doit être d’améliorer le standard de vie des Africains.

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