Togo : Jean-Pierre Fabre absent des célébrations officielles de l’indépendance, l’opinion divisée
Le leader de l’opposition togolaise n’a participé à aucune manifestation officielle marquant la célébration du 56e anniversaire de l’indépendance ce 27 avril. Pourtant le statut de chef de file qu’il revendique lui fait cette obligation…
« Il n’est pas question que j’aille cautionner de ma présence l’attitude du pouvoir », a lancé le patron de l’Alliance nationale du changement (ANC) le 20 avril lors d’une conférence de presse donnée au siège de son parti. Promesse tenue puisque Jean-Pierre Fabre n’a été aperçu à aucune des célébrations de l’anniversaire de l’indépendance et ne s’est pas fait représenté non plus. Une attitude qui suscite de nombreux commentaires au sein de la classe politique.
Depuis la promulgation du décret portant statut du chef de file de l’opposition le 24 janvier dernier, plusieurs observateurs attendaient le candidat malheureux à la présidentielle d’avril 2015 « sur ses devoirs », notamment sa présence à diverses manifestations officielles. À l’approche de la fête de l’indépendance, « JPF » n’a pas jugé nécessaire de participer aux festivités. « Ce n’est pas dans tous les pièges qu’on tombe », s’est-il justifié en déplorant la situation sociale et politique au Togo. « J’ai écrit au chef de l’État le 13 janvier pour lui faire part de mes préoccupations. Il ne m’a pas répondu. Lorsque je m’exprime en tant que chef de file de l’opposition pour avoir certaines informations, certains ministres du gouvernement me traitent de manière irrespectueuse», a-t-il poursuivi.
Devait-il se rendre aux célébrations ?
La sortie médiatique de Jean-Pierre Fabre suscite le débat au sein de l’opinion. Certains journaux ont accusé l’ex bras droit de Gilchrist Olympio « d’aller à contre-courant de la loi sur le statut de l’opposition ». Awa Nana Daboya, présidente du Haut commissariat pour la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN), regrette l’attitude de « JPF », estimant que « la date du 27 avril symbolise la naissance de la République togolaise dont les valeurs dépassent toutes les considérations partisanes ». « Cela induit le peuple togolais et particulièrement la jeunesse en erreur en la détournant des valeurs républicaines », ajoute l’ancienne présidente de la Cour de justice de le Cedeao.
« C’est plutôt une sorte d’ignorance et une perpétuation de ce que Gilchrist Olympio faisait », commente de son côté, Me Jean Dégli, ancien ministre et président de « Bâtir le Togo ». L’avocat connu pour son franc-parler et ses brillantes analyses sur la vie socio-politique togolaise poursuit : « Il est difficile de savoir dans quel ordre s’inscrit ce refus. Nous ne lisons pas cela comme un acte radical comme d’autres le pensent. C’est plutôt une position de gens en manque de sensations fortes. Quand on est chef de file de l’opposition, pour des célébrations de ce genre, on s’y associe. Quitte à avoir, au-delà de l’aspect officiel, une célébration partisane au sein de son regroupement ».
S’afficher avec le pouvoir ?
D’aucuns s’interrogent sur les motivations de « JPF » à accepter le statut de chef de file. « Pourquoi avoir accepté le titre de chef de l’opposition en refusant de remplir les devoirs correspondants ? », se demande sous anonymat un enseignant-chercheur à l’Université de Lomé.
Sociologue, le professeur croit savoir que le président de l’ANC est victime d’un piège. « Au sein de l’opposition, ils ont vite fait d’accuser toute personne d’aller à la mangeoire lorsqu’elle s’affiche avec le pouvoir. JPF le sait bien. Je crois que c’est la principale raison qui a motivé son refus », analyse t-il. « Jean-Pierre Fabre a tout simplement fait un choix qu’il juge bon pour sa lutte. Oubliant que le Togo dépasse les considérations partisanes», déplore pour sa part Olivier Assou, membre de la jeunesse du parti au pouvoir.
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