Coup de chaud sur le baril de pétrole : les gagnants et les perdants
Les perspectives des cours du brut pour l’année 2011 s’annoncent très bonnes pour les producteurs et exportateurs. Moins pour les consommateurs…
La révolution égyptienne est-elle responsable de l’envolée du prix du baril ? À son plus haut niveau depuis septembre 2008, il a dépassé les 103 dollars à New York le 2 février. Certes, les marchés ont anticipé les répercussions possibles de ces troubles politiques sur le bon fonctionnement du canal de Suez, où transitent 5 % du brut mondial, et de l’oléoduc Sumed, voie stratégique pour les exportations en provenance du Moyen-Orient.
Mais les prévisions de croissance de la Chine et de l’Inde pour 2011, respectivement de 10 % et de 8 %, avaient déjà rendu les cours nerveux : la demande mondiale d’or noir, qui a bondi de 3 % en 2010, pourrait encore croître d’au moins 2 % cette année, alors que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a plutôt eu tendance à réduire l’offre. Enfin, les investisseurs – derrière qui s’agitent les spéculateurs – ne se plaindront pas d’un baril qui a pris plus de 9 % rien que pour le mois de janvier.
Bénéfices records
Qu’importent les raisons : les gagnants et les perdants font déjà leurs comptes. Les bénéfices records devraient émailler la saison des résultats annuels des compagnies pétrolières (y compris africaines) : l’anglo-néerlandais Shell a ouvert le bal le 3 février, avec un profit de 20,13 milliards de dollars (14,6 milliards d’euros) pour l’année 2010, soit une hausse de 62 %.
Les pays dépendants des importations, au premier rang desquels les États africains, continuent quant à eux de souffrir. Face à l’augmentation du prix des denrées alimentaires, les subventions sont leur seul recours. Le Sénégal a annoncé une baisse de 10 % à 15 % du prix de certains produits, et le Maroc prévoit d’accroître ses subsides aux produits pétroliers : de 3 milliards de dollars en 2010, ils passeront à 5 milliards en 2011. Cela suffira-t-il à assurer la paix sociale ?
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