Tchad : incertitude autour du sort des militaires présumés disparus, une enquête a été ouverte

Amnesty International et la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) affirment qu’une vingtaine d’éléments des forces de défense et de sécurité sont toujours portés disparus depuis le 9 avril, jour de leur vote à l’élection présidentielle remportée par Idriss Deby Itno. L’opposition affirme qu’ils avaient été arrêtés pour ne pas avoir voté pour le président sortant. La justice a ouvert une enquête.

Les troupes tchadiennes, en mai 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Les troupes tchadiennes, en mai 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 28 avril 2016 Lecture : 2 minutes.

« Les autorités ont affirmé que les concernés avaient été déployés en mission commandée. Le 21 avril, quatre des personnes présumées disparues ont été présentées à la télévision nationale comme preuve qu’elles sont toujours en vie », expliquent Amnesty International et la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) dans un communiqué commun, daté du 27 avril.

Une enquête ouverte

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Reste que les familles n’ont pas été informées d’une date retour de leurs proches et qu’ils ignorent tout de leur localisation, soulignent les deux organisations internationales. « Les autorités doivent faire la lumière sur ces disparitions en mettant en place une commission d’enquête indépendante et impartiale », demandent donc Amnesty International et la LTDH.

Contacté par Jeune Afrique, le procureur de la République de N’Djamena affirme qu’une enquête, confiée à la police judiciaire, a été ouverte le 20 avril. « La lumière sera bientôt faite. Les officiers de la police judiciaire mènent des auditions auprès des familles de ceux qui auraient disparu. Des responsables de l’armée seront également entendus », souligne ainsi Alghassim Khamis.

Ces disparitions supposées avaient été annoncées par Saleh Kebzabo, chef de fil de l’opposition arrivé deuxième lors de la présidentielle. « En l’absence d’isoloir, le scrutin était public, avec obligation pour les électeurs de voter Idriss Déby », lançait-il le 18 avril dernier. Avant d’ajouter que ceux qui n’avaient pas suivi ces consignes avaient « été jetés en prison ».

Témoignages accablants 

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Des accusations démenties par les autorités tchadiennes, mais étayées par les témoignages recueillis par Amnesty International et la LTDH. Selon elles, des responsables militaires auraient contraint des forces de défense et de sécurité à voter en faveur du président sortant dans au moins deux bureaux de vote.

« On nous obligeait à voter pour le parti au pouvoir. Deux personnes étaient à l’entrée de l’isoloir. Dès que j’ai pris les bulletins de vote, elles m’ont demandé de cocher en faveur du président. Ils ont pris mon bulletin de vote et ma carte d’électeur », a assuré aux organisations l’un des policiers concernés.

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Ces accusations de disparitions avaient publiquement été démenties par les autorités tchadiennes. Le ministre de la Sécurité publique, Ahmat Mahamat Bachir, avait affirmé devant les journalistes que les militaires en mission n’ont pas toujours « l’audace ou la gentillesse d’informer sa famille ».

Depuis la réélection d’Idriss Déby Itno à un cinquième mandat, d’autres disparitions ont été signalées. C’est notamment le cas de l’opposant Mahamat Ahmat Lazina, président national du Mouvement national pour le changement au Tchad (MNCT). Porté disparu depuis le 19 avril, son sort inquiète ses proches. « Les gens du parti et sa famille, ses frères, sont partis hier soir et ils le cherchent toujours. Il n’y a aucune trace » de lui, s’est alarmée son épouse au micro de RFI.

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