France : le Moca, un mois de cultures africaines à Paris
Proposée à l’initiative du Centre des cultures d’Afrique en partenariat avec la ville de Paris, la première édition du Moca, le Mois des cultures d’Afrique, démarre samedi. Elle se poursuivra tout au long du mois de mai afin de promouvoir et mettre à l’honneur les cultures africaines en Île-de-France.
Musique, photographie, cinéma, one man shows… Le Mois des cultures d’Afrique est plein de promesses réjouissantes. Du 30 avril au 31 mai, la jeune association le Centre des cultures d’Afrique met en avant les patrimoines culturels africains et afro descendants à travers la musique, le cinéma, le spectacle vivant, des rencontres ou des expositions dans toute l’Île-de-France.
Une cinquantaine de lieux et événements associés
Le Moca, c’est avant tout une labellisation d’événements et d’établissements culturels. « L’idée n’est pas de créer un festival, mais de rassembler l’ensemble des acteurs culturels africains et afro sous la même bannière », annonce Alain Bidjeck, cofondateur de cette initiative avec son partenaire Hilaire Penda.
Au programme, des escales dans plus d’une cinquantaine de lieux et d’événements associés. Parmi une multitude d’artistes, le saxophoniste camerounais Manu Dibango jouera au Barbacane (samedi 21 mai), le festival Rares talents accueillera le chanteur guinéen Sekouba Bambino (le 28 mai à la salle des fêtes de Montreuil) et les aficionados de soul pourront aller écouter Raul Midòn au New Morning (mercredi 18 mai).
Côté expositions, la galerie Joseph Bachaumont abritera du 4 au 8 mai une série de photographies dédiées aux dirigeants connus ou méconnus du continent, intitulée « African Kings ». Des visites guidées seront aussi organisées pour découvrir les clichés du célèbre photographe malien Seydou Keïta actuellement au Grand Palais (du jeudi 31 mars au lundi 11 juillet), ou encore les “Chefs d’oeuvre d’Afrique” du musée Drapper (du 30 septembre 2015 au 21 décembre 2016).
Cette initiative représente “un espace virtuel, en attendant d’avoir un lieu concret pour le Centre des cultures d’Afrique”, confie Alain Bidjeck, le secrétaire général de l’association. Son objectif : fédérer un maximum d’acteurs autour des cultures d’Afrique, en préfiguration d’un lieu qu’il espère construire à l’image de l’Institut du monde arabe. Espace pluridisciplinaire et pont entre le continent et l’Occident, ce centre aura pour ambition de faire rayonner la culture africaine en France. Il prendra la forme d’un foyer pour les artistes afin de permettre la création et la diffusion. Il devrait également centraliser des données économiques sur entrepreneuriat culturel africain, et abriter une médiathèque.
Alain Bidjeck assure que les “les acteurs culturels africains connaissent aujourd’hui une forme d’isolement. Nous voulons que le Centre des cultures d’Afrique devienne leur réseau”. Un projet qui, s’il voit le jour, ne devrait ouvrir ses portes que dans cinq ou dix ans.
“Ne plus se noyer dans le concept vague de musiques du monde”
Derrière ce Mois des cultures d’Afrique se cache aussi une autre volonté plus profonde, celle de dépoussiérer la notion de « world music », jugée désuète et inappropriée pour le co-fondateur du projet. Alain Bidjeck estime ainsi qu’il ne faut “plus se noyer dans ce concept vague. » Et de poursuivre : « C’est un label des années 1980, enfermé dans un prisme encore trop colonial ! »
Ce professionnel de l’ingénierie culturelle se lamente de voir l’Afrique “victime des appétits voraces du monde”. Il poursuit en expliquant qu’aujourd’hui, « il est important de ne plus laisser parler les autres à notre place. La culture africaine, ce n’est pas que deux ou trois artistes ! ».
Effet de mode ?
En lançant le Moca, le Centre des cultures d’Afrique est pourtant loin d’être un précurseur en la matière. Des initiatives similaires existent déjà aux quatre coins du globe. Alors que le Brésil célèbre le Mois de la conscience noire en novembre, les mois de février et d’octobre sont respectivement dédiés au Black History Month au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Interrogé sur le possible effet de mode lié à ces promotions ponctuelles de la culture afro, Alain Bidjeck demeure évasif. “Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Aujourd’hui, c’est une nécessité. Nos parents et nos grands-parents se sont installés en France, et les nouvelles générations n’attendent que ça : se réapproprier leur culture”.
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