Tunisie – Livres : Elisabeth Daldoul, une femme à ses ouvrages

Le Prix Ahmadou Kourouma du Salon africain du livre, de la presse et de la culture, a été décerné par le Salon du livre et de la presse de Genève au mauritanien Beyrouk pour « Le tambour des larmes ». Une récompense aussi pour un compagnonnage, celui des éditions Elyzad avec l’auteur.

Elisabeth Daldoul. © Capture d’écran Dailymotion

Elisabeth Daldoul. © Capture d’écran Dailymotion

Publié le 2 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Derrière ce nom qui rappelle celui d’Elyssa, la fondatrice de Carthage, une femme : Elisabeth Daldoul. Depuis 2005, cette ancienne enseignante construit avec patience « des passerelles lancées entre les êtres, les histoires, les rives de la Méditerranée » qui donnent le ton d’un catalogue centré sur les littératures du Sud. Des collections à l’image de cette femme de 51 ans qui se réclame de trois cultures : française celle de sa mère, palestinienne celle de son père et africaine pour avoir grandi au Sénégal.

L’éditrice qui ne s’est pas lancée dans l’aventure de l’édition pour de l’argent est d’abord exigeante et prend soin de valoriser les textes soigneusement choisis par des ouvrages aux finitions impeccables qui confèrent aux collections l’écrin d’une identité propre. Une manière de montrer que le Sud, et la Tunisie en particulier, peuvent aussi se prévaloir d’un savoir faire en matière de confection de livres. Un pari un peu fou, mais un pari gagné puisque Elyzad, confrontée au marché étroit du roman en français en Tunisie, se fraye quand même un chemin dans un monde où la lecture régresse et franchit les frontières en misant sur la diffusion dans les pays francophones. Perdurer est une nécessité mais pour Elisabeth Daldoul « la circulation des textes du Sud vers le Nord est vitale à une meilleure compréhension entre les peuples».

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Un engagement et un sacerdoce qu’elle réalise en éditant des auteurs reconnus comme Leïla Sebar, Ali Bécheur, Azza Filali, Wahiba Khiari, Cécile Oumhani ou en faisant découvrir des plumes inconnues comme celle du libyen Kamal Ben Hameda ou la première œuvre de Yamen Manaï. Mais la relation entre éditeur et auteurs ne s’arrête pas aux publications : certains dirigent des collections comme le Togolais Théo Ananissoh avec « Vies et demie » dédiée aux écrivains et aux artistes africains. Une ligne éditoriale qui fait d’Elyzad une maison construite avec l’apport des auteurs comme Beyrouk qu’elle accompagne depuis la publication en 2013 du Groit de l’émir.

Elisabeth Daldoul pourrait être satisfaite mais a quand même un vœu : « que nos hommes et femmes politiques tunisiens accordent plus d’intérêt, voire de considération, à l’écrivain. Celui-ci souffre de cette indifférence portée à son égard. On ne peut construire un pays ouvert, démocratique, en continuant de marginaliser l’écrivain. »

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