Barro Chambrier : « Accorder exploitation des ressources et préservation de la biodiversité du Gabon »

Le ministre des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures se prononce l’impact environnemental des activités extractives au Gabon.

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Publié le 19 mai 2011 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Comment conciliez-vous exploitation pétrolière et développement durable ?

Alexandre Barro Chambrier : La notion de développement durable est très importante dans le secteur. Nous sommes très vigilants quant à l’application des textes qui interdisent le torchage, une pratique qui nous a longtemps fait perdre une importante quantité d’énergie et a aussi été source de pollution. Nous mettons notamment un point d’honneur à appliquer le principe du « pollueur-payeur ». Un autre aspect concerne la protection des travailleurs, avec de rigoureux critères de sécurité et d’hygiène.

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Avez-vous déjà sanctionné un opérateur pour non-respect des normes environnementales ?

Bien sûr. Les pénalités prévues par les textes en vigueur s’appliquent souvent. En tant qu’ancien parlementaire, je tiens à préciser que ce sujet est suivi d’extrêmement près par les élus. De leur côté, les opérateurs évoluent. Total Gabon a obtenu la certification ISO 14001 pour son terminal de Cap Lopez en 2006 et pour toutes ses activités dans le pays en 2009. D’autres, comme Shell et Perenco, ont suivi le mouvement.

Ces normes ne sont-elles pas perçues comme un frein à l’activité ?

Non. Pour l’exploitation pétrolière, comme pour l’exploitation forestière, le tout est d’accorder la nécessité d’exploitation rationnelle des ressources et celle de préservation de la biodiversité, en prenant soin de sauvegarder des réserves suffisantes pour les générations à venir. Nous devons tout faire pour ne pas leur léguer n’importe quoi.

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Certains permis miniers chevauchent des aires protégées. Comment est-ce possible ?

Lorsque c’est le cas, il est décidé que le périmètre du parc ou de la réserve soit étendu proportionnellement à celui de la zone d’exploitation. La loi donne aussi la possibilité de déclasser un parc, à condition de classer une autre zone dans les mêmes proportions. Toutes les administrations concernées travaillent en étroite collaboration et nous essayons d’éviter ces superpositions en amont. Au nord de Libreville, par exemple, une zone d’exploitation de carrières va bientôt être interdite car elle jouxte un parc national.

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Sur le gisement de fer de Belinga, la China Machinery Engineering Corporation a pris beaucoup de retard : y aura-t-il un nouvel appel d’offres ? Et va-t-on devoir déclasser une partie du parc voisin ?

Nous déciderons de la conduite à tenir lorsque viendra la phase d’exploitation. Elle était prévue pour le début de cette année, mais un projet structurant d’une telle envergure nécessite des capitaux, du savoir-faire et, sachant que les réserves de fer sont de près de un milliard de tonnes, il est évident qu’on essaie d’harmoniser les différents aspects ! Nous avons déjà un partenaire fiable et, même si beaucoup d’autres s’intéressent à ce gisement, pour l’instant, c’est la China Machinery Engineering Corporation qui en est adjudicataire.

Quant à l’impact environnemental, il y a eu un travail technique de recadrage et d’approfondissement, l’État a redimensionné le projet et les discussions se poursuivent avec nos partenaires chinois. Nous attendons une réévaluation du projet. Bientôt, les choses vont évoluer et les Gabonais seront agréablement surpris.

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