Tullow Oil en tête, les juniors s’affirment

Résultats flatteurs et cours de Bourse qui s’envolent : le groupe britannique Tullow Oil récolte les fruits de ses prises de risques sur le terrain. Mais il n’est pas seul : des titres comme Afren et Kosmos Energy prennent le même chemin.

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 31 mai 2011 Lecture : 4 minutes.

Elles s’appellent Tullow Oil, Afren, Kosmos Energy… En quelques années, ces juniors pétrolières ont su se faire une place de choix dans le paysage africain. Illustration probante dans le golfe de Guinée avec le champ ghanéen Jubilee, mis au jour en juin 2007 par l’américain Kosmos Energy et le britannique Tullow Oil, sociétés quasi inconnues, sinon des experts, avant cet événement. Avec ses 1,8 milliard de barils de réserves et sa production de 120 000 barils par jour prévue dès juillet, cette découverte est considérée comme l’une des plus importantes du continent depuis dix ans, poussant même les majors (Total, ENI, ExxonMobil…) à réinvestir la zone.

Les marchés financiers ne sont pas restés insensibles à l’effervescence suscitée par ces pionnières qui savent prendre des risques là où leurs grandes sœurs sont plus prudentes. Cotée sur le London Stock Exchange, la valeur Tullow s’est envolée, doublant entre juin 2007 et juin 2008, pour finalement atteindre aujourd’hui trois fois son niveau d’avant la découverte de Jubilee. La société dirigée par Aidan Heavy, dont 70,3 % des activités se trouvent sur le continent, est même devenue la première position du « tracker » Lyxor Pan Africa, fonds indiciel spécialisé sur l’Afrique, devant Maroc Télécom. Selon une note de la banque d’investissement Renaissance Capital datée du 12 mai, la part de Tullow dans Jubilee (34,7 %) vaudrait quelque 10,2 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros).

la suite après cette publicité

Une santé de fer

Le groupe britannique a multiplié les bonnes nouvelles au cours des quatre dernières années, rassurant un peu plus les actionnaires sur son potentiel. En 2008, il a annoncé une découverte majeure en Afrique centrale, dans le lac Albert. D’abord estimées à 800 millions de barils, les réserves probables ont vite été revues à la hausse, pour atteindre quelque 2,5 milliards de barils et une production prévisionnelle de 200 000 barils par jour (un tiers appartient à Tullow, soit un potentiel de revenu quotidien de 4 millions de dollars avec un baril à 60 dollars – hypothèse basse).

Entre les deux découvertes, le cours du baril a percé les plafonds, frôlant les 150 dollars à l’été 2008, année de tous les records pour la société en termes de chiffre d’affaires. Alors que le cours de l’or noir n’est jamais redescendu en dessous de 60 dollars depuis et que la mise en production du champ Jubilee a commencé dans les délais, fin 2010 – une prouesse -, la capitalisation boursière de Tullow est aujourd’hui estimée à quelque 12,2 milliards d’euros. Une santé de fer, avec un bénéfice qui a progressé de 137 % en 2010, à 72,5 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires de 1,1 milliard de dollars (+ 19 %). Mais les actionnaires devront rester patients. Leur dividende, payé le 20 mai, reste au même niveau que l’année précédente, à environ 6,8 centimes d’euro par action.

Montée en puissance

la suite après cette publicité

La chute de 10 % du prix du baril sur le dernier mois a cependant montré la dépendance des juniors à la volatilité des cours : malmené, le modèle Tullow a-t-il montré ses limites ? Selon Christopher Jost, analyste chez Goldman Sachs, c’est au contraire le moment de s’y intéresser : « La récente sous-performance du cours offre une bonne opportunité d’acheter des titres d’une société de classe mondiale dont l’action est tirée par le prix du pétrole. » Angus McPhail, chez Investec, estime de son côté que « Tullow a de solides flux de trésorerie en raison de la montée en puissance de la production au Ghana et du démarrage imminent en Ouganda. Le nombre important de perspectives d’exploration en Afrique et en Amérique du Sud offre un potentiel de hausse significative ».

La montée en puissance de la junior Tullow n’est pas une exception. D’autres valeurs, telles que sa compatriote Afren ou son partenaire Kosmos Energy, sont aussi sous les feux des projecteurs. Moins communicants, ils n’en demeurent pas moins d’importants acteurs sur le terrain de l’exploration africaine.

la suite après cette publicité

Afren (29 participations dans onze pays du continent), qui a annoncé en mars l’acquisition de 74 % du bloc Tanga en Tanzanie et un investissement de 40 millions de dollars pour les forages, a levé en mars sur le London Stock Exchange quelque 500 millions de dollars, contre 450 millions visés, illustrant un certain engouement des investisseurs. Non seulement ceux qui ont acheté des titres il y a un an ont empoché 53 % de gain, mais en outre la société bénéficie d’un atout de taille dans ses perspectives à moyen terme : le démarrage du champ nigérian Ebok (35 000 barils par jour), qui lui donne la possibilité de tripler son chiffre d’affaires en 2011, à 1 milliard de dollars.

Enfin, entrée à la Bourse de New York le 11 mai, l’action de l’américain Kosmos Energy peine encore à décoller, clôturant même le 17 mai en dessous de sa valeur d’introduction (18 dollars), à 17,90 dollars. Mais les perspectives restent positives. « Le prix du pétrole va certainement continuer de grimper, ce qui améliore la valeur perçue de la société », indique Hugh Johnson, président de Hugh Johnson Advisors. En outre, alors que certaines majors, comme le français Total, ont connu une chute de leurs cours ces deux ou trois dernières années, ceux des juniors n’ont quasiment jamais cessé de progresser. 

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires