La croissance africaine à la traîne en 2011
L’édition 2011 du rapport « Perspectives économiques en Afrique » souligne les effets des révolutions arabes et des prix des matières premières sur l’économie du continent. L’Afrique subsaharienne s’en sort mieux que le Maghreb – sauf la Côte d’Ivoire, secouée par une violente crise postélectorale.
Même si beaucoup de pays riches rêvent d’afficher la même performance, le taux de croissance du continent africain ne devrait atteindre en 2011 « que » 3,7 %. Après avoir « surmonté la crise mondiale relativement bien » et « amorcé une reprise en 2010 », avec un taux de croissance estimé à 4,9 %, les auteurs du rapport « Perspectives économiques en Afrique »* estiment que plusieurs risques menacent la croissance africaine – bien que le continent demeure en général toujours attractif pour les investisseurs étrangers.
En première ligne, selon eux : « Les récents événements politiques en Afrique du Nord et les prix élevés des produits alimentaires et pétroliers. » Au-delà de ces problèmes, le rapport note comme source d’espoir à moyen terme la diversification des partenaires du continent. En 2009, la Chine a dépassé les États-Unis et est devenue le principal partenaire commercial de l’Afrique. La part des échanges du continent avec les pays émergents a sensiblement augmenté au cours des dix dernières années, passant de 23 % à 39 %, avec cinq pays à l’avant-garde : la Chine, l’Inde, la Corée, le Brésil et la Turquie. Pays par pays, voici les principaux faits marquants du rapport.
Égypte (+1,6 %) et Tunisie (+1,1 %)
Peu de surprises dans les prévisions économiques pour la Tunisie (taux de croissance estimé pour 2011 : 1,1%) et l’Égypte (1,6 %), qui verraient leur PIB croître faiblement en 2011. Les économies de ces deux pays secoués par des révolutions échapperaient ainsi à la récession. Si un retour à la normale est prévu pour des deux pays dès l’année prochaine, les principales conséquences du ralentissement actuel seront sociales et budgétaires. Sur ce dernier point, le solde budgétaire tunisien devrait se dégrader en 2011 (-5,2 % du PIB) et en 2012 (-4,8 % du PIB). De même, les équilibres extérieurs seront mis à rude épreuve par la baisse des investissements étrangers.
République du Congo (+8,4 %)
Avec un taux de croissance estimé pour 2011 à 8,4 %, le Congo affichera en 2011 comme en 2010 la croissance la plus importante des pays d’Afrique francophone. Cette performance reste toutefois due pour l’essentiel à la production pétrolière, passée de 99 millions de barils en 2009 à 115 millions l’année dernière. L’amélioration des équilibres fondamentaux du pays est également soulignée par le rapport qui regrette que l’économie du pays reste trop peu diversifiée.
Zimbabwe (+7,8 %)
Le taux de croissance de l’ancienne locomotive économique de l’Afrique australe est estimé pour 2011 à 7,8 %. Le Zimbabwe semble donc de retour sur la scène économique. Après une décennie de récession, qui a provoqué une chute de 40 % du revenu par habitant, le Zimbabwe devrait enregistrer en 2011 sa troisième année consécutive de croissance, avec une inflation désormais sous contrôle. Les secteurs miniers et agricoles poursuivront leurs spectaculaires redressements. Parmi les enjeux principaux : un taux de pauvreté très important et un déficit criant d’infrastructures.
Burkina Faso (+6,5 %)
Malgré les difficultés politiques internes, liées à des revendications sociales et à des mutineries en cascade, et la récession économique chez le voisin ivoirien, le Burkina devrait afficher cette année son plus fort taux de croissance depuis 2005 : + 6,5 %. Grâce notamment à la poursuite du développement soutenu de la production aurifère mais aussi grâce au dynamisme du secteur des transports et de la finance.
Niger (+4,9 %)
Le taux de croissance estimé en 2011 pour le Niger est de 4,9 %. Mais pour ce grand pays enclavé et dont la sécurité est menacée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ce n’est pas tant 2011 que 2012 qui devrait s’annoncer comme un grand cru. Le Niger pourrait alors atteindre un taux de croissance record de 11,5 %. La cause ? L’entrée en production prévue de la mine d’uranium d’Imouraren, la plus grande d’Afrique. Une étape de plus dans le développement de projets majeurs dans les mines et l’industrie après le début d’activité, prévu en 2011, de la raffinerie de Zinder et de la mine d’uranium d’Azelik.
Côte d’Ivoire (-7,3 %)
Pour la Côte d’Ivoire, la nouvelle décennie commence, d’un point de vue économique, encore plus mal que la décennie précédente avec un taux de croissance estimé pour 2011 à -7,3 %. Seule la Libye, avec une récession estimée à -19 %, fera pire en 2011. Une reprise graduelle de l’économie ivoirienne est attendue en 2012 (+5,9 %) à condition que la situation sécuritaire se normalise dans la deuxième moitié de 2011, que les sanctions internationales soient levées et que la coopération internationale reprenne.
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* Rapport annuel rédigé conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), le Centre de développement de l’OCDE, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
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