L’agence Moody’s dégrade les notes du Gabon et du Congo-Brazzaville

L’agence de notation américaine a abaissé d’un cran, fin avril, les notes souveraines du Gabon (passée à « B1 ») et de la République du Congo (« B2 »). C’est la deuxième dégradation de la note du Congo-Brazzaville en à peine deux mois. En cause : la détérioration des comptes publics et une pression sur la liquidité des États.

En 2017, le prix du baril de pétrole pourra-t-il se maintenir à son niveau actuel ? © Antonin Borgeaud pour Jeune Afrique

En 2017, le prix du baril de pétrole pourra-t-il se maintenir à son niveau actuel ? © Antonin Borgeaud pour Jeune Afrique

Publié le 2 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Comme le laissait présager la mise sous revue de leurs notes souveraines, début mars, l’agence de notation américain Moody’s vient de dégrader les notes de long terme du Gabon et du Congo-Brazzaville.

La note de la dette souveraine du Gabon baisse d’un échelon, passant de « Ba3 » à « B1 », chutant ainsi de la catégorie des obligations dites « non-investment grade speculative » à celle, jugée plus risquée, des obligations hautement spéculatives (« highly speculative »).

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Dans son rapport, Moody’s met en cause la « détérioration des finances publiques », induite par la chute des cours du pétrole, qui représente un tiers des recettes publiques consolidées et deux tiers des exportations au Gabon.

Selon Moody’s, les recettes du Gabon en part du PIB ont chuté de 4,5 points entre 2013 et 2015. Une baisse des revenus qui affecte les équilibres financiers du gouvernement : en dépit des efforts de maîtrise les dépenses, à travers notamment la baisse des subventions, le déficit fiscal, en termes de cash, devrait atteindre 6 % du PIB en 2016, contre 5 % en 2015 et 1 % en 2014, estime Moody’s, tandis que les besoins de financement du pays ont bondi à 10 % du PIB en 2015 et devraient se maintenir à ce niveau jusqu’en 2017. Aussi, la part dédiée au paiement des intérêts dans les revenus de l’État devrait atteindre 11 % en 2015, contre 5 % en 2014.

Détérioration « substantielle » des comptes publics

Dans le cas du Congo-Brazzaville, Moody’s note une dégradation marquée des comptes publics, qui pourraient d’ailleurs « se détériorer substantiellement en 2015-2016 dans un contexte de baisse des prix pétroliers et en raison des capacités limitées [de réaliser] un ajustement fiscal à la mesure du choc », écrit l’agence dans son rapport publié le 29 avril.

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De fait, la baisse de la note du Congo-Brazzaville actée vendredi dernier est la deuxième dégradation de la signature du pays en deux mois. Début mars, Moody’s avait déjà baissé la note du pays de « Ba3 » à « B1 ». Dégradée à « B2 », elle est désormais deux crans à peine au-dessus de la catégorie « C », qui rassemble les obligations comportant des « risques substantiels ».

Moody’s prédit que les réserves fiscales du Congo-Brazzaville risquent d’être épuisées à la fin 2017.

Parmi les signes inquiétants révélés par Moody’s figurent : la chute des revenus publics, qui ont reculé de -48 % en 2015, et la hausse des besoins de financements du gouvernement, qui ont grimpé à 23 % du PIB, en dépit des coupes drastiques dans les dépenses en capital (-52 %).

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Cette difficulté à limiter les besoins de financements s’est traduite par une hausse du déficit public qui, en termes de cash, a atteint 16 % du PIB en 2016. La dette du pays a explosé. De 21 % du PIB en 2013, elle est attendue à 54 % en 2016. L’endettement public, net des réserves fiscales, a atteint 41 % du PIB en 2016, contre une position excédentaire de +17 % du PIB en 2013.

Plus inquiétant, note Moody’s, le gouvernement a dû puiser dans ses réserves pour financer ses activités. L’agence de notation prédit, qu’à ce rythme, les réserves fiscales du Congo-Brazzaville risquent d’être épuisées à la fin 2017.

Perspectives négatives

Moody’s a affublé les notes des deux pays pétroliers d’Afrique centrale de perspectives négatives.

L’agence de notation estime toutefois qu’une amélioration des indicateurs fiscaux et la disponibilité de des sources de financement externes pourraient l’amener à hausser ces perspectives.

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