Pour Eni, Tripoli c’est fini ?
Les déboires du groupe pétrolier italien en Libye pourraient profiter à Total.
Paolo Scaroni, PDG d’ENI, n’est pas bavard quand il s’agit de la Libye. Et pour cause. Dans ce pays en proie à la guerre civile, le groupe italien extrayait 280 000 barils par jour : un tiers de sa production africaine et 12,5 % de sa production globale. « Nous ne produisons plus une goutte depuis avril, ajoute un porte-parole. C’est pourquoi nous ne faisons aucun commentaire sur ce que peuvent affirmer les autorités libyennes. »
Relégation
Ce qu’elles affirment depuis le 14 juillet, c’est que « le gouvernement italien doit totalement oublier le pétrole libyen et tous les contrats signés par le passé », et que Tripoli est en train de « négocier avec d’autres groupes ». Conséquence : ENI, premier producteur d’Afrique, pourrait être relégué à la deuxième place en 2011, au profit du français Total (756 000 barils par jour en 2010).
Selon Tripoli, les intérêts d’ENI avoisinent les 30 milliards de dollars (environ 21 milliards d’euros). De fait, en 2009, Paolo Scaroni rappelait à Jeune Afrique qu’un accord signé avec la libyenne National Oil Corporation, courant jusqu’en 2042, prévoyait « 28 milliards de dollars d’investissements dans de nombreux projets de valorisation et d’exploration ». Quant à ses réserves libyennes, elles pourraient avoisiner les 2,5 milliards de barils, sur un total de 5 milliards sur le continent.
Tout n’est pas perdu cependant. Depuis avril, Paolo Scaroni multiplie les contacts avec le Conseil national de transition (CNT, rébellion). Lequel affirme qu’aucun contrat ne sera remis en question avant l’installation d’un régime démocratique.
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