Branle-bas chez Algérie Télécom

L’opérateur national, dont le PDG, Azouaou Mehmel, a été remercié fin avril, devrait être restructuré et introduit en Bourse, a annoncé la ministre algérienne de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Imane Houda Feraoun.

Une tour de télécommunications. © IHS

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Publié le 2 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

« La restructuration  de l’entreprise Algérie Telecom est inévitable au regard des développements en cours, à l’échelle mondiale », a indiqué la dirigeante algérienne, le dimanche 1er mai, dans le cadre d’une visite à Tipasa, à 70 km à l’ouest de la capitale Alger, selon des propos rapportés par l’agence officielle APS.

La déclaration de la ministre algérienne est intervenue une dizaine de jours après le renvoi abrupte d’Azouaou Mehmel, PDG d’Algérie Télécom depuis fin mars 2012, qui a été démis de son mandat le 21 avril dernier.

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Une « nouvelle dynamique managériale »

Dans le communiqué du gouvernement algérien, il est simplement indiqué que cette démission a été prise « pour insuffler une nouvelle dynamique managériale au groupe ». Une explication des plus laconiques, qui a engendré de nombreuses spéculations dans la presse algérienne, présentant le départ d’Azouaou Mehmel comme la conséquence de divergences politiques.

La succession d’Azouaou Mehmel est assurée, par intérim, par Mohamed Sebaa, ingénieur télécoms et ancien chef de la division des opérations et du développement des réseaux d’Algérie Télécom.

Ce branle-bas au sein de la compagnie nationale de téléphonie intervient après quatre ans de relative stabilité pour l’entreprise publique qui, avant l’arrivée d’Azouaou Mehmel, avait vu une demi-douzaine de responsables se succéder à sa tête.

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Pour Imane Houda Feraoun : « Après 15 ans d’existence (2009), il est devenu impératif pour les cadres d’Algérie-Télécom de modifier la structure organique de l’entreprise et de revoir sa stratégie commerciale et ses méthodes de travail de manière à se mettre au diapason des développements technologiques et techniques, en vigueur, à l’échelle mondiale ».

Il est vrai que les chantiers ne manquent pas pour Algérie Télécom.

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Sa branche mobile, qui opère sous la marque Mobilis, a vu son nombre d’abonnés GSM chuter de -15,53 % à 7,78 millions d’usagers (2e, derrière Optimum Télécom Algérie (Djezzy). Son parc d’abonnés à la 3G a bondi de +71,43 % à 6,54 millions d’abonnés (pour un total de 14,32 millions de comptes clients pour Algérie Télécom Mobile).

Si sur ce segment, l’opérateur historique demeure leader, son avance s’est considérablement réduite face à Optimum Télécom Algérie (Djezzy), qui a vu son parc d’abonnés à la 3G grimper de +230,41 % à 4,14 millions d’usagers.

Abonnés à la téléphonie mobile en Algérie. © Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications de l’Algérie

Abonnés à la téléphonie mobile en Algérie. © Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications de l’Algérie

De nombreux chantiers en cours

L’entreprise nationale, seule opérateur de téléphonie fixe en Algérie, doit également s’atteler au chantier du déploiement du haut débit à travers le pays. Si 1 321 communes du pays (86 % du total) sont, en principe, raccordées à un réseau de fibre optique, la puissance de la bande passante reste limité. Le débit disponible est assez faible : 94 % des abonnés à l’internet disposent d’un débit ne dépassant pas 2 mégabits par seconde (54 % des abonnés ne disposent que d’un débit de 1 Mbit/s).

Algérie Télécom doit également préparer le déploiement de la 4G, dont la mise en oeuvre est attendue à partir de fin 2016.

Autant de challenges auxquels est confronté la compagnie nationale et pour lesquels, elle devra réaliser d’assez lourds investissements. Pour la seule année 2016, environ 40 milliards de dinars d’investissements (315 millions d’euros) sont prévus.

Pour financer ces investissements et moderniser l’opérateur nationale, les autorités algériennes n’excluent pas d’introduire la compagnie nationale en Bourse, « ce qui permettra de booster son rendement, la développer et la promouvoir », a expliqué Imane Houda Feraoun. Une possibilité déjà évoquée en 2013, qui n’a pas été concrétisée jusqu’à présent, mais que la pression exercée par la chute des cours du pétrole sur les finances publiques pourrait faire aboutir, même si l’entrée au capital de la compagnie nationale devrait rester interdite aux opérateurs étrangers.

Résultats

En 2014, Algérie Télécom a enregistré un chiffre d’affaires de 1,67 milliard de dollars, pour un résultat net de 197,6 millions de dollars, selon le dernier classement des 500 premières entreprises africaines de Jeune Afrique, disponible en kiosques et en ligne.

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