L’argent des Africains : Hervé, étudiant au Togo (et docker le week-end) – 640 euros par mois

Hervé Siabi, 31 ans, termine son master de droit public à l’université de Lomé au Togo. Docker le week-end, il est également volontaire pour les Nations unies la semaine, il gagne environ 420 000 francs CFA, soit près de 640 euros par mois. Pour ce nouveau volet de notre série sur l’argent des Africains, il nous ouvre son portefeuille.

Les week-ends, Hervé travaille en tant que docker au port de Lomé. © DR

Les week-ends, Hervé travaille en tant que docker au port de Lomé. © DR

Publié le 4 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

« Je n’ai presque plus de cours à l’université », indique Hervé Siabi, étudiant en dernière année de droit public à l’université de Lomé. Natif de la capitale togolaise, Hervé est aujourd’hui volontaire pour les Nations unies. Une mission de six mois qu’il conjugue avec un travail de docker le week-end.

« Dès que j’ai le temps, j’avance aussi sur mon mémoire de fin d’études ! », précise le jeune homme. Ce futur diplômé se démène pour s’offrir un avenir à la mesure de ses ambitions.

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Salaire et prime de déplacement : 640 euros

Côté finances, les 640 euros mensuels d’Hervé sont bien supérieurs au salaire minimum légal togolais qui est de 53 euros. Pourtant, il est parfois difficile de mettre de l’argent de côté pour cet étudiant. Son budget est essentiellement dédié à ses engagements : « me rendre au travail et aider ma famille. »

Volontaire pour les Nations unies, Hervé rêve de pouvoir continuer à travailler pour l’organisation. Cinq jours par semaine, il se rend au Centre régional des Nations unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC), basé à Lomé. Sa prime de déplacement s’élève à 579 euros par mois. « J’adore ce travail, mon plus grand souhait est que ma mission temporaire soit renouvelée à la fin du mois de juin. »

En attendant de terminer ses études et de trouver un emploi stable, ce futur actif arrondit ses fins de mois en déchargeant des sacs de riz ou de sucre au port de Lomé. Alors qu’avant il faisait aussi des horaires de nuit en semaine, il ne s’y rend désormais que les week-ends. « Aux docks, on finit parfois de décharger les navires à 4 heures du matin, je ne peux pas me permettre d’arriver en retard au travail ! »

Transport : 153 euros

Il y a deux mois, Hervé a eu un accident avec sa moto. Depuis, il ne se déplace qu’en moto-taxi. Et son revenu en souffre. Rien que pour se rendre tous les jours au travail, il met 46 euros de côté chaque mois. « Et c’est sans parler des aller-retours pour voir ma famille plusieurs fois par semaine, pour me rendre à mes cours d’anglais ou tout simplement pour faire des courses ! », s’insurge l’étudiant. Au total, il consacre plus de 150 euros par mois pour se déplacer. Une moto d’entrée de gamme étant estimée à 762 euros minimum, Hervé doit pour l’instant se contenter de ce mode de transport.

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Aide à la famille : 145 euros

S’il y a des dépenses qui tiennent à cœur à Hervé, ce sont celles consacrées à sa famille. Le jeune homme donne 100 euros à ses parents tous les mois et aide également ses deux cadets à s’acheter des fournitures scolaires pour le lycée. « Ça dépend de leurs besoins mais en général, je leur donne 10 euros chacun pour qu’ils puissent se procurer des cahiers ou des crayons. » Père d’une fillette de deux ans, il verse également une pension alimentaire mensuelle de 25 euros à la mère.

Alimentation et logement : 109 euros

En attendant d’avoir les moyens de s’offrir un appartement, Hervé vit dans une chambre près de l’aéroport, avec un loyer mensuel de 20 euros. Il dépense près de 60 euros pour s’acheter à manger tous les mois, sans compter les dépenses du midi, lorsqu’il déjeune dehors.

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Dépenses diverses et imprévus : 80 euros

L’étudiant doit parfois se rendre chez le cordonnier ou verser plus d’argent à ses parents lorsqu’ils ont des ennuis de santé. Les loisirs et les sorties ne pèsent pas sur son revenu mensuel. « Je vais parfois à la piscine ou boire un verre avec les collègues, mais je dépense rarement plus de cinq euros tous les mois ! », confie l’étudiant en rigolant. Ses préoccupations sont ailleurs. Il préfère s’offrir des cours d’anglais à 20 euros par mois, car « c’est primordial pour pouvoir travailler aux Nations unies ».

Épargne : 153 euros

Généralement, cet étudiant ambitieux essaye de mettre 153 euros de côté tous les mois. Il aimerait pouvoir s’offrir une moto ou un appartement plus spacieux dans lequel sa petite fille aurait sa propre chambre. Surtout, Hervé martèle que s’il a fait des études, « c’est pour pouvoir vivre à l’aise ». Aujourd’hui, il n’a qu’une chose à la bouche : l’ONU. « Je suis prêt à aller partout, là où les gens ont besoin de conseils ou d’assistance, en Afrique ou ailleurs. » 

Taux de conversion établi à 1 euro = 655,96 francs CFA.

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