Pour son économie forestière, le Congo peut remercier l’Asie

Après deux années dans la tourmente, la filière se redresse. Avec, désormais, une très nette prédominance d’opérateurs et de clients singapouriens, chinois et malaisiens.

Publié le 31 août 2011 Lecture : 4 minutes.

En 2009, la baisse avait affecté aussi bien la production de grumes, qui avait chuté de 25 %, à 945 750 m3 par rapport à 1 275 900 m3 en 2008, que celle de la première transformation, qui avait décliné de 41,3 % pour s’établir à 179 300 m3 en 2009. Les sociétés installées dans le nord du pays avaient été les plus touchées, avec une baisse de production de plus de 65 %. Dans la foulée, les exportations de grumes avaient chuté (462 342 m3 en 2009 contre 528 688 m3 en 2008) et le chiffre d’affaires du secteur – qui représente 5 % du produit intérieur brut (PIB) et constitue le deuxième poste d’exportation du pays, loin derrière le pétrole – avait bien évidemment souffert, passant de 272 à 250 millions d’euros entre 2006 et 2010. Et, sur les huit mille emplois directs de la filière en 2008, plus d’un millier de travailleurs ont été licenciés, et 20 % à 30 % du personnel restant mis au chômage technique.

Soutien de l’État

la suite après cette publicité

Deux facteurs ont contribué à la remontée de la production en 2010 : la demande accrue des pays asiatiques, en particulier de la Chine, et la prolongation des mesures prises dès la fin 2008 par le gouvernement pour atténuer les effets négatifs de la crise sur le secteur. Notamment la possibilité donnée aux exploitants forestiers d’exporter jusqu’à 30 % de grumes, alors que la loi limite en temps normal les exportations à 15 % de la production, et l’octroi de facilités pour le paiement de la taxe à l’abattage. Des mesures que le patronat souhaiterait voir maintenues pendant encore au moins deux ans.

L’heure est toutefois à l’optimisme, même si on est encore loin des records de production enregistrés en 2004 (1 694 600 m3) et en 2007 (1 679 400 m3), et du potentiel annuel exploitable (sans compromettre la survie de la forêt), évalué à 2 millions de m3. Pour stimuler le secteur et créer plus de valeur ajoutée, les autorités misent, bien évidemment, sur le développement de la transformation locale. Une stratégie qui doit s’accompagner d’un effort de formation de la main-d’œuvre.

À court et moyen termes, outre quelques nouveaux marchés locaux et continentaux, c’est surtout la demande en grumes des pays asiatiques, notamment de la Chine, qui devrait soutenir le secteur. Ce sont désormais les principaux clients du Congo : leurs achats représentaient 46 % des exportations congolaises de bois en 2008, 62 % en 2009 et, en 2010, la Chine est devenu le principal acheteur de bois congolais, avec 70 % des grumes exportés, devant l’Espagne et le Portugal.

Leadership d’Olam

la suite après cette publicité

Si le poids des pays asiatiques en tant que clients est en hausse, leurs sociétés sont également de plus en plus visibles sur le terrain. Au fil des années, elles se sont vu attribuer des Unités forestières d’aménagement (UFA) ou d’exploitation (UFE). Bien implantées dans la partie méridionale du pays, elles restaient toutefois minoritaires dans le nord, où près de 45 % des entreprises actives étaient d’origine européenne (contre 13 % dans le sud).

Ce n’est plus le cas depuis que le groupe agro-industriel singapourien Olam a racheté, en février dernier, les actifs de la Congolaise industrielle du bois (CIB), ex-filiale du danois Dalhoff Larsen & Horneman (DLH Group), qui avait été très affectée par l’effondrement de la demande mondiale. Avec quatre UFA – trois dans la Sangha et une dans la Likouala – qui totalisent 1,3 million d’hectares de forêt, Olam devient donc le leader de la filière au Congo.

la suite après cette publicité

Une acquisition qui renforce le poids des Asiatiques dans le secteur et leur présence dans toutes les zones forestières du pays. Ainsi, excepté les entreprises à capitaux européens, parmi lesquelles Industrie forestière de Ouesso (IFO), filiale du groupe germano-suisse Danzer, Mokabi, filiale du groupe français Rougier, ou encore l’italienne Likouala Timber, ainsi que quelques intérêts libanais (Sifco, Bois et Placage de Lopola) et congolais, les sociétés à capitaux singapouriens et chinois dominent désormais dans le nord du pays. Dans la partie sud, où les Asiatiques sont omniprésents, les Européens ne sont plus représentés que par la Forestière agricole industrielle et commerciale en Afrique équatoriale (Foralac) et la Nouvelle Transformation des bois exotiques au Congo (Nouvelle Trabec). Quant aux Congolais, installés majoritairement dans cette zone, ils opèrent le plus souvent via des petites unités – excepté la Compagnie industrielle des bois du Niari, qui dispose de quatre UFE.

Les intérêts chinois sont dominés par la Sino-Congo Forêt (Sicofor), née de la fusion du malaisien Man Fai Tai et de China Overseas, qui détient cinq UFE réparties dans la Lékoumou, le Kouilou et le Niari. Ils comptent également la Société d’exploitation forestière Yuang Dong (Sefyd), la Congo Deija Wood Industry, Thanry Congo (filiale du groupe Vicwood), ainsi que Wang Sam Resources and Trading Congo, la dernière arrivée, qui vient d’obtenir l’UFA de Makoua, dans la Cuvette.

Écocertification. Parmi les Malaisiens, on trouve Asia Congo Industrie (ACI) – qui opère dans cinq UFE et a essaimé en créant la Société forestière et industrielle de Léboulou (Sofil) -, ainsi que Taman Industrie, filiale du groupe Rimbunan Hidjo, qui détient deux UFE. Reste à savoir si les opérateurs asiatiques tiendront leurs engagements en matière d’aménagement. Jusqu’à présent, sur les 13 434 200 ha de forêts de production concédés, 4 150 888 ha ont été aménagés et 6 436 376 ha sont en cours d’aménagement. En outre, quelque 2 millions d’hectares sont écocertifiés, ce qui fait du Congo le premier pays au monde en termes de surface d’exploitation écocertifiée en forêt naturelle. Un capital à ne pas brader.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image

Contenus partenaires