A la poursuite du pactole de Kaddafi
Les avoirs libyens à l’étranger dépassent les 150 milliards de dollars. Les nouvelles autorités du pays cherchent à récupérer cette manne.
Où se trouve le magot du clan Kaddafi ? À combien s’élève-t-il vraiment ? Deux questions qui risquent à jamais d’être sans vraie réponse. « Avec Kaddafi, il n’y avait aucun compteur. Il est impossible d’évaluer exactement les revenus pétroliers et les dépenses du régime déchu », souligne Hasni Abidi, le directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen de Genève. Pour le FMI, les réserves libyennes s’élèvent à 104 milliards de dollars (près de 72 milliards d’euros). « On peut estimer que le total des investissements à l’étranger a dépassé 150 ou 170 milliards de dollars », surenchérit Mahmoud Badi, le nouveau directeur du Libyan Investment Authority (LIA), le fonds souverain créé en 2006. Selon un rapport validé par le cabinet KPMG et révélé en mai par l’ONG Global Witness, le LIA détenait 53,3 milliards de dollars d’actifs à l’étranger au 30 juin 2010.
Les États qui ne sont pas membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne sont pas obligés de jouer le jeu.
« Il y a beaucoup de comptes bancaires sous énormément de noms. Et c’est très facile, avec internet, de transférer de l’argent », tempère le nouveau limier financier de Tripoli. De plus, le LIA n’est que la partie émergée du pactole Kaddafi and Co. Selon l’ex-gouverneur de la Banque centrale de Libye, Farhat Bengdara, les actifs mis sous séquestre par les Nations unies, en février et mars 2011, se montent à 168 milliards de dollars.
Au compte-gouttes
Le dégel de cette manne s’effectuera au compte-gouttes, en fonction de la prise de contrôle progressive de l’État libyen par le Conseil national de transition (CNT). Les installations pétrolières et portuaires, la compagnie aérienne Afriqiyah pourraient bénéficier en priorité de la levée des sanctions.
Lors de la conférence internationale de Paris, le 1er septembre, les Nations unies ont débloqué 15 milliards de dollars d’avoirs gelés.
Et dans le reste du monde : à Hong Kong, Singapour, Dubaï, Oman… ? « Les pays qui ne sont pas européens ou membres du Conseil de sécurité de l’ONU ne sont pas tenus d’agir. En général, les biens mal acquis le restent », tempère Éric Vernier, auteur de Techniques de blanchiment et Moyens de lutte (Dunod). D’après les ONG, de 1 % à 4 % des biens mal acquis sont restitués aux États spoliés. La traque des avoirs du clan Kaddafi démentira-t-elle cette règle ?
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