Sénégal : après l’interdiction du festival Saint-Louis Jazz 2016, les organisateurs protestent

À huit jours de son ouverture, le préfet de Saint-Louis a interdit la tenue de l’édition 2016 du festival de jazz organisé depuis 25 ans dans cette ville du nord-ouest du Sénégal, invoquant des raisons de sécurité. Mais les organisateurs ne comptent pas se laisser faire et ont affirmé être en discussion pour son maintien.

Le festival de Jazz à Saint-Louis, au Sénégal, en 2013. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Le festival de Jazz à Saint-Louis, au Sénégal, en 2013. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 3 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Cause de la colère des organisateurs, cet arrêté préfectoral lapidaire, publié mardi 3 mai : « Sont interdites toutes les manifestations liées au Festival de jazz de Saint-Louis devant se tenir sur la voie publique et dans les lieux publics, pour la période du 11 au 15 mai. »

Motif : « le contexte sécuritaire ambiant, la vulnérabilité de la commune de Saint-Louis et le refus des organisateurs de s’engager dans l’effort de sécurité », précise le texte, sans fournir d’autres détails. Depuis les attentats de Grand-Bassam et de Ouagadougou, le Sénégal a renforcé sa sécurité dans les lieux publics comme les hôtels, les administrations, mais aussi les plages.

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« Un coup de massue »

« Nous nous désolons d’avoir reçu tardivement cet arrêté (…), c’est un coup de massue pour nous », a déclaré Fara Tall, vice-président de l’association Saint-Louis Jazz qui organise le festival. Selon lui, l’interdiction a été notifiée lundi aux organisateurs. Dans la foulée, ces derniers ont engagé des discussions avec les autorités pour obtenir sa levée et prendre les dispositions requises pour la sécurité du festival.

« Nous acceptons » les arguments invoqués, « mais nous travaillons » pour que le festival ait lieu. « Nous avons tenu des réunions avec les autorités par rapport à la sécurité du festival, contexte oblige », a-t-il justifié.

« La vulnérabilité par rapport à la menace (d’attaque terroriste) est générale, mondiale », elle ne concerne pas que Saint-Louis, « nous sommes en train de travailler pour que au moins, d’ici mercredi, on puisse dire à tout le monde : « Le festival va avoir lieu ».

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Coup dur pour l’économie locale 

De grands noms du jazz comme Liz McComb, Gilberto Gil, Manu Dibango, Ali Farka Touré et Randy Weston se sont produits lors de précédents festivals. La 24e édition avait à l’affiche plusieurs groupes et artistes d’une dizaine de pays, dont Cheikh Lô et Cheikh Tidiane Fall (Sénégal), Omar Sosa (Cuba) et Marcus Miller (États-Unis).

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Les concerts « in » devaient se tenir Place Faidherbe, au cœur de Saint-Louis, île bâtie sur l’estuaire du fleuve Sénégal et classée en 2000 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Le programme comportait également des concerts « off », des échanges avec des artistes invités et locaux sur un autre site de la ville, des master class pour les jeunes, une foire d’artisans et de commerçants notamment.

Si les autorités maintenaient l’interdiction du festival, ce serait « la première fois », et ce serait « un coup dur pour l’économie locale », a encore souligné Fara Tall, indiquant que les hôtels affichaient déjà complet cette semaine pour les festivaliers. L’impact sur l’économie locale pourrait en effet être conséquent, tant le Saint-Louis Jazz a contribué à développer le tourisme dans la région.

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