Sénégal : le président Macky Sall lance la 12e édition de la Biennale de Dakar
Le chef de l’état sénégalais en personne a inauguré le Dak’Art, pour un mois d’événements culturels.
C’est dans un théâtre Sorano bondé et ultra sécurisé que le président Macky Sall a déclaré ouverte la 12e édition de la biennale d’art contemporain africain de Dakar. Plutôt inspiré, le chef de l’État a profité de l’occasion pour se placer en premier défenseur de la création : « La culture et l’art ne sont pas de simples produits décoratifs, a-t-il dit. Ils façonnent l’aventure humaine. Que serait la vie de nos sociétés sans cette dimension fondamentale? »
Les arts facteur de cohésion sociale
Soulignant l’importance des arts comme facteur de « cohésion sociale », il s’est fait philosophe en insistant aussi sur la difficulté, pour les créateurs “d’assumer la dialectique de l’ancrage et de l’éloignement”. Au-delà, son discours d’ouverture a aussi été l’occasion de promouvoir ses choix politiques en la matière. Outre annoncer une subvention portée à 500 millions de FCFA pour la Biennale, Macky Sall a insisté sur son bilan (fonds de 1 milliards de FCFA pour le cinéma, fonds de 300 millions de francs CFA en faveur des cultures urbaines, création d’une mutuelle de santé des artistes, création du musée des civilisations noires…). « L’art est un secteur porteur d’emploi et de croissance », a-t-il affirmé. Espérons alors qu’il entende la demande de Baidy Agne, le président du comité d’orientation de la Biennale, qui a officiellement plaidé pour que l’ancien Palais de Justice, propriété du ministère de la justice inoccupée depuis 20 ans, abrite à l’avenir le musée d’art contemporain que le Sénégal attend depuis des lustres.
Une biennale réalisée en… cinq mois
En espérant ce miracle, il s’en est véritablement produit un une heure après, quand ledit Palais de justice, qui avait abrité en son temps l’exposition internationale du Fesman historique de 1966, a ouvert ses portes bleues sur les « Réenchantements » proposés par les artistes sélectionnés pour la biennale par le directeur artistique Simon Njami. Certes, il manquait bien encore quelques cartels et quelques oeuvres, mais tout ou presque était en place dans ce lieu magnifique rythmé par ses piliers de béton. Ici, un nuage de sac plastiques lumineux traversait un cercle de fil de fer barbelé (Nabil Boutros, Un rêve). Là, des centaines de silhouettes réduites à leur plus simple expressions escaladaient une toile blanche, s’aidant, se soutenant pour atteindre un objectif incertain (Mbaye Babacar Diouf, En action). Ailleurs, des lignes d’écritures comme reproduite d’un cahier d’écolier venaient rappeler des heures d’enseignement du français dans le Congo occupé par la Belgique (Moridja Kittenge Banza, Leçon d’écriture). Quoique toujours politique, l’exposition internationale frappe cette année par la maturité des oeuvres proposées, moins démonstratives, moins didactiques, sans pour autant tomber dans la pure abstraction.
Un palmarès et une multitude d’événements
Parmi les artistes exposés, le Grand prix du Président de la République (10 millions de francs CFA) est allé à l’Egyptien Youssef Limoud. Celui de l’UEMOA (5 millions de francs CFA) a récompensé le Sénégalais Arébénor Bassene, celui de l’OIF (15 000 euros) le Congolais Sammy Baloji et celui du ministère de la culture et de la communication (5 millions de FCFA), la Togolaise Modupeola Fadugba.
Un palmarès qui, bien entendu, ne clôt rien. Tandis que le village de la Biennale va s’animer dans l’ancienne gare ferroviaire de Dakar, d’autres vernissages, d’autres expositions, d’autres rencontres sont attendues à travers toute la capitale sénégalaise, le parcours officiel s’accompagnant d’une multitude d’événements “Off” prometteurs. Parmi lesquels on accordera une attention particulière au projet Afropixel 5 / Ville en commun et ses “vidéos mapping” consistant à habiller et animer des lieux Dakar en musique et en images grâce aux nouvelles technologies.
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