Aliko Dangote au secours des agriculteurs du continent
L’homme le plus fortuné du continent, le nigerian Aliko Dangote, projette de construire la plus grande fabrique d’engrais d’Afrique dans le but de relancer une économie agricole en berne et, in fine, exporter sur le continent.
Le Nigérian Aliko Dangote, lors de l’inauguration du 2e aéroport de Lagos, le 7 avril 2007. © AFP
Un coup de fouet à l’agriculture locale ? Aliko Dangote, l’entrepreneur le plus riche d’Afrique selon Forbes, envisage sérieusement d’ouvrir la plus grande usine d’engrais du continent. Objectif : relancer un secteur agricole en berne et rendre à terme le Nigeria autosuffisant. Le défi est d’envergure : le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique, comptant pas moins de 150 000 millions d’habitants.
Après avoir fait fortune dans l’importation de produits alimentaires (riz, sucres, farine…), l’homme d’affaire nigérian se tourne vers la production agricole dans son pays natal. « Il n’y aucune raison que le Nigeria importe des engrais », a déclaré Aliko Dangote dans un communiqué.
Construite par l’italien Saipem, l’usine d’engrais du groupe diversifié Dangote devrait être opérationnelle d’ici 3 ans. Le complexe devrait créer environ 7000 emplois et pourrait même exporter des fertilisants.
Exploiter des terres fertiles
Depuis plus d’un demi-siècle, le secteur agricole passe au second plan derrière l’exploitation du pétrole. Le Nigeria tire près de deux tiers de ses revenus de la manne pétrolière, l’or noir lui rapportant environ 90% de ses devises. Mais, contrairement au secteur agricole, l’industrie des hydrocarbures créé peu d’emplois. Encore plus de 70% de la main d’œuvre nigeriane travaille dans le secteur agricole.
Avec le projet promu par Dangote Group, le Nigeria pourrait enfin tirer profit de ses terres fertiles. La nouvelle usine « donnera un coup de fouet à la production agricole du pays et augmentera considérablement les rendements des fermiers, car ils auront accès à plus de fertilisants », s’est réjoui Ahmed Rabiu Kwa, secrétaire de l’Association des fournisseurs d’engrais du Nigeria, qui regroupe 27 producteurs et fournisseurs.
L’occasion aussi de revoir la politique agricole du pays. « Ce dont le Nigeria a besoin actuellement, c’est d’une politique agricole qui ferait du secteur le pilier de l’économie », a estimé Olufemi Deru, président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Lagos.
Exporter sur le continent
De bons augures aussi pour la lutte contre la famine dans le reste du continent. « Quand notre usine sera prête, le pays deviendra autosuffisant avec sa production de fertilisants et aura même la capacité d’exporter vers d’autres pays d’Afrique », a annoncé le multi-milliardaire nigerian.
Au Fond international de développement agricole (Fida), une agence affiliée à l’ONU, on est aussi confiant. « Quoi qu’il se passe ici, cela aura un effet multiplicateur sur le reste de l’Afrique », a indiqué Benjamin Odoemena, responsable du programme du Fida au Nigeria, à l’AFP.
Un projet ambitieux qui fait déjà face à son lot de critiques. Sceptiques, certains gardent le souvenir de pareilles initiatives frappées par la corruption ou tout bonnement tombés aux oubliettes.
(Avec AFP)
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