Un peu plus de raffinage dans un monde de brut
L’extension des installations de la Sonara doit permettre de doubler la production. Et d’augmenter les exportations vers la sous-région, où la demande est importante.
Ces derniers mois, au Cameroun, la Société nationale de raffinage (Sonara) a fait l’actualité. En mai, une fausse information annonçait une pénurie de carburants. Le 23 août, un incendie s’est déclenché dans l’une de ses cuves à la suite d’un dysfonctionnement. « Les organes vitaux de la raffinerie ne sont pas affectés. Par mesure de sécurité, l’usine est arrêtée en attendant l’évaluation de l’incident, pour lequel on ne déplore aucun blessé. L’approvisionnement du marché en produits pétroliers raffinés [environ 1 million de tonnes par an, NDLR] se poursuit », a dédramatisé l’entreprise.
L’incident et la fermeture temporaire vont surtout retarder l’ambitieux programme d’extension, d’un coût de 380 milliards de F CFA (579,3 millions d’euros). La construction de nouvelles unités de production, annexées aux installations actuelles, devrait permettre d’augmenter la capacité de production, qui passera de 2,1 millions de tonnes par an à 3,5 millions, voire 4 millions, dont 42 % de fioul.
Le fioul étant moins cher que le brut – ce qui grève la rentabilité de la raffinerie -, il a fallu prévoir un traitement spécifique pour le raffiner davantage et en extraire des produits légers : essence, gasoil et kérosène. C’est la raison qui a poussé à l’acquisition d’une unité d’hydrocraquage, nécessaire pour convertir des distillats lourds de pétrole en coupes légères à haute valeur ajoutée.
Des besoins croissants
Selon le calendrier initial, la première phase des travaux, qui vise à optimiser la rentabilité de l’entreprise, doit s’achever en décembre 2011, et la mise en place des nouvelles unités est programmée pour la fin de 2012. Les ingénieurs prévoient le démarrage de l’hydrocraqueur et de ses unités annexes en 2014 et 2015.
« La production de la Sonara est beaucoup plus importante que les besoins nationaux », explique le conseiller technique et chef de projet, Godfrey Yenwo Molo. Les excédents sont donc exportés, mais ils ne satisfont que 40 % de la demande de la sous-région. Les besoins y sont croissants et l’offre insuffisante, en dépit de la construction par les Chinois d’une raffinerie au Tchad voisin. La demande du Nigeria, notamment, est due à la capacité limitée de ses quatre raffineries, qui ne comble pas les besoins de son marché intérieur.
Les travaux de la raffinerie de la Sonara sont aussi l’occasion d’adapter des équipements initialement calibrés pour traiter le brut léger, ce qui avait conduit les ingénieurs de l’entreprise à recommander de raffiner le brut importé du Nigeria et, depuis quelques années, de Guinée équatoriale, plutôt que le « Kolé » camerounais, plus lourd. À la fin des travaux, la dépendance à l’égard des importations de brut sera donc réduite.
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