Sasol crée une co-entreprise au Botswana avec un Australien
Le Sud-Africain a signé en marge de l’Africa Oil Week, la grand-messe du pétrole qui se tient à Cape Town du 1er au 4 novembre, un accord de partenariat pour l’exploitation de gaz naturel au Botswana avec la société australienne Origin Energy.
Le groupe énergétique africain Sasol (14,2 milliards d’euros de chiffres d’affaires entre juin 2010 et juin 2011) a annoncé en marge de l’Africa Oil Week (qui se tient au Cap du 1er au 4 novembre) la signature d’un accord de joint venture au Botswana avec la société australienne Origin Energy.
Les deux sociétés vont ainsi acquérir trois licences d’exploitation auprès de la firme botswanaise Sekaname Ltd., basée à Gaborone, pour un montant tenu secret. L’accord final doit encore être approuvé par le gouvernement botswanais. Les trois licences sont réparties sur une zone de 3000 kilomètres carrés dans le centre du pays. Si le potentiel en charbon est prouvé (toute la région, Mozambique en tête, est potentiellement riche en charbon), et donc en gaz de charbon, la nouvelle compagnie devra investir quelques dix millions de dollars au minimum sur trois ans pour forer des puits et préciser l’opportunité commerciale des réserves. Ensuite seulement, les deux énergéticiens seront en mesure de chiffrer les investissements nécessaires au développement.
Pour le directeur général d’Origin Energy, « l’opportunité technique, avec la présence avérée de charbon et de gaz, et le marché potentiel dans le sud de l’Afrique a été déterminant pour nous lancer dans le projet. » Si les premières phases d’exploration sont un succès, les deux firmes envisageront d’étendre leur partenariat pour d’autres projets au Botswana, ont-elles indiquées.
La messe des pétroliers
Plus de 900 participants, contre 600 l’an dernier… La 18è édition de l’Africa Oil Week, qui s’est tenue du 1er au 4 novembre au Cap, est à l’image du secteur pétrolier en Afrique : en ébullition. Ils sont tous là : majors (Exxon, Shell, Total…), junior indépendantes (Africa Oil Corp., Tullow Oil, Afren…), compagnies nationales (Petroci, Petrosen, Sonangol…), sociétés de services (ingénieries, transports, sismique…)… Le pavillon BMW, face au Waterfront, grouille. Une réussite de Duncan Clark, éminent spécialiste du secteur pétrolier en Afrique et fin organisateur. Cette réunion est certes l’occasion de se tenir informé des dernières perspectives dans le domaine, mais aussi de venir draguer les investisseurs. D’où la présence de certains ministères de l’énergie (Guinée équatoriale, Mauritanie, Éthiopie, Niger, Namibie…) et des sociétés nationales, qui espèrent convaincre les opérateurs de venir forer chez eux et y découvrir de l’or noir. De Jubilee au Ghana à la découverte de gaz d’Eni au large du Mozambique, définitivement, l’Afrique est un eldorado pétrolier, qui n’a pas fini de surprendre et d’attiser les convoitises. M.P.
Trois question à : Ebbie Haan, directeur général de Sasol
Qu’est ce qui a poussé Sasol a investir au Botswana ?
Ebbie Haan : L’une des premières raisons qui nous a poussé à aller sur cette zone est d’abord la croissance de la demande en énergie en Afrique du Sud et dans la région. Si nous faisons une découverte importante, cela pourra permettre d’augmenter l’offre d’énergie pour le sud de l’Afrique. Ce projet correspond ensuite à notre politique de recherche de gaz naturel, dans un contexte de hausse des prix du pétrole et du charbon. Le caractère polluant de ces deux hydrocarbures nécessite également une diversification des approvisionnements énergétiques de l’Afrique du Sud.
Quel est le montant des investissements nécessaires à ce projet ?
La zone est en plein bush. Il n’y a rien autour. Il faudra donc investir dans des moyens de production d’électricité, des pipelines… Difficile de dire aujourd’hui combien nous devrons mettre sur la table au final.
N’est-il pas plus risqué d’aller chercher ce type de gaz (issu du charbon) que de forer dans des zones comme au large du Mozambique, où des découvertes spectaculaires de réserves de gaz naturel ont été faites récemment ?
Aller chercher des hydrocarbures à 2000 mètres sous le niveau de la mer coûte très cher ! Or au Botswana nous sommes sur terre. Cela c’est sans compter l’impact sur le développement local que pourrait avoir une telle découverte. Nous sommes en outre déjà présents en mer, notamment au Mozambique, et ce qui est important, c’est de diversifier notre portefeuille pour limiter les risques. Nous observons ainsi tous les pays de la zone.
Propos recueillis par M.P. .
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