Afrique subsaharienne : « Un changement de cap s’impose d’urgence » selon le FMI
Dans une note publiée cette semaine, le Fonds monétaire international (FMI) enjoint les pays d’Afrique subsaharienne à » changer radicalement de cap » alors que la croissance économique de la région est tombée à son plus bas niveau depuis une quinzaine d’années.
La croissance économique en Afrique subsaharienne a atteint 3,5 % en 2015, contre 5,1 % en 2014 et 6 % sur la décennie écoulée, selon les estimations du FMI. C’est son plus bas niveau depuis 15 ans. Pour ne rien arranger, elle devrait encore ralentir cette année à 3 %, explique l’institution internationale dans l’édition Afrique subsaharienne de son rapport « Perspectives économiques régionales ».
« La chute des cours des produits de base et le resserrement des conditions financières ont engendré de fortes tensions dans beaucoup de grands pays », explique Monique Newiak, économiste au département Afrique du FMI. La croissance du groupe des pays exportateurs de pétrole, dont le cours a chuté de deux tiers entre mi-2014 et fin 2015, est passée de 5,9 % en 2014 à 2,6 % en 2015. Elle devrait chuter à 2,2 % en 2016.
À ce choc pétrolier s’est ajouté le recul des cours des minerais, affectant des pays tels que l’Afrique du Sud, le Ghana et la Zambie. Des difficultés amplifiées « par le durcissement sensible des conditions d’accès aux financements extérieurs pour la plupart des pays préémergents », notent les économistes du Fonds.
Découvrez dans cette infographie les indicateurs macroéconomiques des pays d’Afrique subsaharienne
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Face à l’ampleur de ces chocs, « la riposte des pouvoirs publics n’a pas été suffisante jusqu’à présent » en Afrique subsaharienne, estime l’institution internationale, qui juge « nécessaire de changer radicalement de cap dans de nombreux pays ».
Laisser taux de change s’ajuster pour absorber le choc
Le FMI, qui prévoit que les recettes des industries extractives vont « sans doute » rester durablement basses, invite les pays exportateurs de produits de base « qui ne sont pas membres d’une union monétaire […] à exploiter la flexibilité du taux de change ».
De grands pays de la région, le Nigeria notamment, ont tenté de limiter l’impact du recul des recettes extérieures sur la monnaie nationale en limitant l’accès aux devises étrangères. Une solution inadéquate selon le Fonds monétaire internationale, qui recommande de « laisser [les] taux de change s’ajuster pour absorber le choc » et d’éviter « les mesures administratives sur le marché des changes ».
Aux pays exportateurs de pétrole et de minerais ne pouvant jouer sur le taux de change, à l’instar des pays de la Cemac, l’institution multilatérale recommande la prudence dans le recours aux réserves internationales détenues par les banques centrales. « Les banques centrales devraient limiter les avances à l’État au niveau nécessaire pour atténuer les contraintes de financement à court terme et […] s’abstenir, de manière générale, de fournir un financement structurel à l’appui du développement », insiste le Fonds monétaire internationale.
Endiguer les déficits budgétaires
L’institution dirigée par la Française Christine Lagarde appelle les pays de la région à restreindre leurs budgets pour « reconstituer des amortisseurs très amoindris » et se prémunir des « vulnérabilités » que pourrait provoquer une « nouvelle dégradation des conditions extérieures ».
Pour cela, le Fonds leur recommande d’une part d’accentuer la mobilisation des recettes intérieures afin d’améliorer leur solde budgétaire, et, d’autre part, de « mieux hiérarchiser les nombreux projets d’investissement dans les infrastructures qu’ils envisageaient d’entreprendre », en privilégiant en particuliers les projets « les plus rentables » dont le financement est assuré.
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