Algérie : le procès contre le rachat d’El Khabar par Issad Rebrab est reporté

Le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs à Alger qui examinait, ce mercredi 4 mai, l’instruction déposée par le ministère de la Communication contre l’opération de rachat du groupe média El Khabar par la société Ness Prod, filiale du groupe Cevital de l’entrepreneur Issad Rebrab, a décidé de reporter l’affaire à mercredi prochain, 11 mai.

Vue d’un étalage de journaux algériens, le 21 mai 2011, à Oran. © Maya-Anaïs Yataghène/Flickr

Vue d’un étalage de journaux algériens, le 21 mai 2011, à Oran. © Maya-Anaïs Yataghène/Flickr

Publié le 4 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

« Ce délai va permettre au collectif d’avocats du groupe de défense d’El Khabar d’examiner les deux dossiers versés ce matin à l’audience par la défense du ministère de la Communication », a précisé maître Sadek Chaïb, un des avocats du collectif de défense d’El Khabar, à la sortie du tribunal vers midi, devant lequel une centaine de journalistes et personnels du groupe de presse s’étaient rassemblés pour protester contre cette action en justice de l’État et afficher leur solidarité avec leur média.

Composé d’une quinzaine d’avocats, le collectif entend profiter de ce nouveau report, le procès ayant été reporté une première fois en début de semaine lundi, pour « préparer sérieusement et minutieusement » les conclusions à la requête introduite par le ministère de la Communication, le 26 avril, pour faire annuler l’opération de rachat.

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« Une transaction non conforme » selon l’État

« Le ministre de la Communication est habilité à saisir la justice s’il constate des vices de procédure », a déclaré, de son côté, l’avocat du ministère à la sortie du tribunal. Selon le ministère dirigé par Hamid Grine, le rachat d’El Khabar ne respecterait pas la loi sur l’information de 2012 selon laquelle « une personne morale ne peut détenir plus d’un seul titre de presse ».

Un argument battu en brèche par Cherif Rezki, directeur général du groupe El Khabar, qui précise, dans une interview à Jeune Afrique, que « Ness Prod ne possède aucun titre à part El Khabar ». « Notre dossier est inattaquable » affirme le responsable, en réponse au texte de loi invoqué par le ministère de la Communication pour empêcher la transaction.

Les craintes des médias privés

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Si l’audience a été discrète et expéditive, à l’extérieur du tribunal, le sit-in de protestation des journalistes a été bien plus long et retentissant. Réunis une heure avant la tenue du procès, une centaine de salariés du groupe El Khabar – qui comprend un quotidien, un journal sportif et la chaîne de télévision KBC, en langue arabe – mais aussi des journalistes d’autres médias privés, ont exprimé leur colère contre l’action en justice entreprise par le gouvernement.

« Nous sommes tous El Khabar », « Grine est-il le ministre de la Communication ou celui de la Publicité », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants devant le tribunal. « Ma présence ici est pour dire non à l’assassinat de la liberté de la presse et de l’Algérie plurielle », a déclaré Hmida Ayachi, fondateur du quotidien privé Algérie News qui a cessé de paraître en 2014 à la suite de dettes accumulées chez son imprimeur.

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Et c’est bien « l’asphyxie » que redoutent aujourd’hui d’autres titres de la presse algérienne indépendante, tels que El Watan et Liberté, qui se sont largement faits écho ces derniers jours du procès de « l’affaire El Khabar ». Privés de la publicité institutionnelle de l’Entreprise nationale de communication, d’édition et de publicité (Anep), ces médias indépendants craignent désormais l’arrêt des publicités d’entreprises privées. Et se sont inquiétés de la récente déclaration du ministre de la Communication, Hamid Grine, hier dans les colonnes du site d’information TSA : « Je profite de cette tribune pour lancer un appel à tous les annonceurs privés pour leur dire de ne pas contribuer à renflouer les caisses des journaux qui sèment la discorde et qui renvoient une fausse image de l’Algérie ».

Le quotidien El Khabar a été créé en 1990 dans le cadre du « printemps démocratique » lorsque l’Algérie était sortie du régime du parti unique et de la presse exclusivement étatique.
El-Khabar, El-Watan et Le Soir d’Algérie avaient constitué le premier noyau de la « presse indépendante » algérienne, rattaché ni au gouvernement, ni aux partis politiques, ni aux hommes d’affaires.

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