Zimbabwe : des billets indexés sur le cours du dollar bientôt en circulation
Des centaines de Zimbabwéens faisaient la queue jeudi devant les banques, après que le gouvernement a de nouveau plafonné les retraits de liquide et annoncé l’impression de billets à parité avec le dollar américain pour pallier le manque de liquidités.
Une pénurie en devises étrangères a conduit le gouverneur de la Banque centrale, John Mangudya, à prendre mercredi 4 mai une série de mesures, notamment la limitation des retraits d’argent à 1 000 dollars (870 euros) ou 20 000 rands sud-africains. Par ailleurs, le montant d’argent susceptible de sortir du pays a été réduit de 5 000 à 1 000 dollars.
Émission de billets d’obligation
John Mangudya a également décidé que la Banque centrale allait introduire des « billets d’obligation » avec lesquels les Zimbabwéens pourront effectuer des achats. Encore »au stade de la conception », les nouveaux billets se présenteront sous forme de coupures de 2, 5, 10 et 20 dont la valeur sera indexée sur le dollar américain. Ils seront financés à hauteur de 200 millions de dollars par la banque Afreximbank (Africa Export-Import Bank).
Malgré les apparences, M. Mangudya a affirmé qu’il ne s’agissait pas de la « réintroduction de la monnaie zimbabwéenne ». « Les fondamentaux ne sont pas en place pour son retour. C’est juste une mesure pour juguler les flux illicites qui quittent le pays », alors que la balance commerciale a enregistré un déficit de 323 millions de dollars au premier trimestre.
Déjà en 2014, des « pièces d’obligations » avaient été introduites pour les petits échanges au Zimbabwe. L’abandon de la devise nationale au profit du dollar américain et du rand sud-africain remonte à 2009. L’inflation inouïe – jusqu’à 231 millions pour cent – avait rendu le dollar zimbabwéen inutilisable.
Longues files d’attente
Dans les files d’attente jeudi, les citoyens s’impatientaient. « Je suis censée être au travail, mais je fais la queue depuis hier » pour obtenir du liquide, a expliqué à l’AFP Monique Fore, 39 ans, agent comptable dans une école de Harare.
« J’ai besoin de payer le loyer, les frais de scolarité de mes enfants et je dois rembourser les dettes que j’ai contractées auprès de gens. J’ai utilisé le peu d’argent que j’ai à la maison pour le bus. Si je n’ai pas d’argent aujourd’hui, je vais devoir rentrer à pied », a témoigné de son côté Shadreck Mafukeni, un charpentier de 57 ans.
Dans certains cas, des banques limitaient aussi le montant des retraits à 200 dollars, bien en-dessous de la limite fixée par le gouvernement.
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