Algérie : succession éclair à Sonatrach

Nommé PDG de Sonatrach le 17 novembre en Algérie, Abdelhamid Zerguine a pris ses fonctions le jour même. Il remplace Noureddine Cherouati, dont le limogeage inattendu pose question.

Publié le 29 novembre 2011 Lecture : 3 minutes.

Originaire de Guelma, petite ville de l’Est, il suit des études d’ingénieur à l’Institut algérien du pétrole (IAP) de Boumerdès. Il débute sa carrière au terminal pétrolier de Skikda, puis intègre l’Entreprise nationale de génie civil et bâtiment (ENGCB), une des filiales de Sonatrach. En quelques années, l’ingénieur gravit tous les échelons pour devenir directeur général de l’ENGCB en 1990. Sa prise de fonctions coïncide avec le lancement d’un dispositif légal et réglementaire visant à encourager l’intervention des compagnies étrangères dans le secteur pétrolier. Abdelhamid Zerguine en profite et fait de l’ENGCB un partenaire incontournable dans plusieurs projets réalisés avec des groupes étrangers.

Des résultats qui lui permettront d’entrer, en 2001, dans l’état-major de Sonatrach en qualité de vice-président chargé de l’activité de transport par canalisation. Sa mission : suivre la réalisation du gazoduc Medgaz (qui relie l’Algérie à l’Espagne) et des projets de gazoducs Galsi (Algérie-Sardaigne-Italie) et Nigal (Nigeria-Algérie-Europe). Mais la gestion imposée par Chakib Khelil, omnipotent ministre de l’Énergie et des Mines, ne convient pas à Zerguine. Khelil met fin à ses fonctions de vice-président et le nomme simple conseiller auprès du PDG de Sonatrach. Une traversée du désert qui prendra fin en mai 2010, avec l’arrivée de Noureddine Cherouati à la tête de la compagnie nationale. Direction Lugano (Suisse), où Zerguine dirige Samco, une société spécialisée dans le commerce de gaz naturel, détenue conjointement par Sonatrach et l’italien Eni.

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« Je dois déranger des personnes et des intérêts »

Et le jeudi 17 novembre, Abdelhamid Zerguine prend officiellement ses fonctions de PDG de Sonatrach. Il a été nommé le jour même par décret présidentiel. Une décision qui, avant d’être officielle, avait été relayée par plusieurs médias. Le départ de Noureddine Cherouati, son prédécesseur, n’était un secret pour personne, sauf… pour Cherouati lui-même. La veille de son départ, en marge du Congrès du syndicat d’entreprise, il a organisé une conférence de presse pour dénoncer « les rumeurs » persistantes sur son limogeage. « Ces rumeurs ne sont pas innocentes. Cela signifie que quelque chose se passe. Nous dérangeons certaines habitudes, certaines pratiques, à travers l’application d’un plan de redressement et de mise en ordre. Il ne peut pas y avoir autre chose. Je dois déranger des personnes et des intérêts », a-t-il dénoncé.

« Cherouati a été nommé pour une période déterminée. Il devait assurer une forme d’intérim après le limogeage de l’équipe imposée par Chakib Khelil, explique le responsable d’une unité de production au sud du pays. Pour éviter les risques de corruption, il a imposé des mécanismes de décision centralisés. Mais ce système de gestion a montré ses limites. Il a bloqué de nombreux projets, notamment ceux en partenariat avec des compagnies étrangères, et a créé un climat de suspicion parmi les cadres de Sonatrach. Les plaintes ont fini par aboutir en haut lieu, et le gouvernement a décidé de mettre un terme au mandat de Cherouati. » Abdelhamid Zerguine est parfaitement conscient de la mission qui l’attend. Il devra rassurer ses partenaires, instaurer un climat de confiance au sein du groupe et relancer les activités de recherche et de production. Mission quasiment impossible s’il n’a pas les coudées franches et s’il n’obtient pas le soutien du pouvoir politique.

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