Maroc : un festival de Fès en hommage aux femmes fondatrices
La 22è édition du célèbre Festival des musiques sacrées de Fès se tient du 6 au 14 mai. À l’honneur cette année : des femmes. Et pas n’importe lesquelles.
Verrou fortifié sur la hauteur d’où cascade la cité médiévale de Fès, Bab el-Makina se souvenait-elle du rugissement des armes et des cris de guerre entendus pendant des siècles quand des voix de femmes venues de l’Afrique à l’Asie ont entonné des hymnes sacrés, cette nuit du vendredi 6 mai ?
Devant une foule de mélomanes parmi lesquels trônait la princesse Lalla Salma, épouse du roi Mohammed VI, de savants jeux de lumière ont habillé les deux tours massives qui gardent la porte des céramiques bleues de Samarcande, de ciels étoilés ou encore de fresques rouges, jaunes et vertes d’Éthiopie tandis que, sur la scène, des joueuses de cithares azéries succédaient aux cantatrices marocaines avant de laisser place à d’autres artistes indiennes, mongoles et persanes qui, portées par un orchestre palestinien, ont chanté la gloire des femmes fondatrices auxquelles est consacrée cette 22ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde.
Des femmes à l’honneur…
“Elles montreront que la raison peut découler de la piété et de la foi, ainsi qu’en témoignent les anciens récits et conforteront l’idée d’une intelligence féminine habitée par la grâce et l’inspiration”, annonce le programme de ces huit jours et nuits de concerts qui se feront écho de places d’armes en palais dans la cité impériale dont le coeur -l’université de la Qaraouiyne – fut précisément élevé au IXè siècle par une de ces femmes fondatrices, Fatima Al Fihriya.
“Les femmes au Maroc ont toujours marqué de leurs empreintes l’histoire de leur pays et joué un rôle important dans son progrès ; quelques exemples à travers le temps le traduisent éloquemment”, rappelle Abderrafih Zouitene, président de la Fondation esprit de Fès et du Festival des musiques sacrées du monde.
Applaudi sous le soleil des Printemps arabes, remis en cause par les ressacs conservateurs qui les ont suivis, le rôle des femmes arabes dans l’histoire comme dans les sociétés contemporaines méritait d’être rappelé et, en marge de l’évènement musical, un forum social lui est consacré du 7 au 9 mai.
… et l’Inde aussi
Nouveauté de cette édition 2016, un pays est désormais associé au festival. C’est l’Inde qui, cette année, inaugure l’hommage. Et les turbans compliqués des chanteurs du Rajasthan n’étaient pas sans fasciner les jeunes Fassis à leur apparition dans la ville.
Loin des inquisiteurs de Daesh qui, en Irak et en Syrie font de grands bûchers des instruments qu’ils trouvent, Fès la vénérable démontrera cette semaine les vertus spirituelles et universelles de la musique qui, disait Platon, “donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée”.
Pour la programmation, voir le site du festival
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