Augmentation de capital des assureurs : beaucoup de bruit pour rien

Depuis avril 2010, 1 milliard de F CFA sont nécessaires pour exercer en Afrique subsaharienne francophone. Une réforme jugée encore insuffisante.

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 15 février 2011 Lecture : 3 minutes.

Effets limités

Dans le détail, rares sont les compagnies à avoir rencontré des difficultés pour se conformer à la nouvelle règle. Certaines, notamment sur les plus gros marchés, étaient déjà au-dessus du seuil. D’autres ont simplement puisé dans leurs réserves financières ou ont fait appel à leurs actionnaires pour les renflouer. Une seule, en tout cas officiellement, s’est tournée vers un capital-investisseur : il s’agit de l’Union des assurances du Burkina, dont les deux filiales (vie et non-vie) ont reçu chacune 500 millions de F CFA de la part d’Africinvest.

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Un bilan que confirme le secrétaire général de la Cima, Jean-Claude Ngbwa : « Très peu de cas de rapprochements par ouverture de capital ont été observés, et une seule fusion véritable a été enregistrée. Au 31 décembre 2010, outre le retrait de la totalité des agréments de la Société ivoirienne d’assurance caution et crédit et le transfert d’office du portefeuille de Beneficial Life Insurance Company, en Côte d’Ivoire, toutes les sociétés ont satisfait à cette nouvelle exigence. »

Pour la plupart des professionnels du secteur, cette nouvelle est tout sauf une surprise. « Cette augmentation de capital n’a pas eu beaucoup d’effet car le gap n’était pas très élevé », rappelle Mohamed Bah, directeur général délégué de Sunu Assurances. « Les sociétés saines avaient les moyens de se recapitaliser », ajoute Richard Lowe, dirigeant fondateur d’Activa. Sans surprise, à peine ce premier relèvement du capital exigé atteint, les assureurs – notamment les plus gros – militent désormais pour une nouvelle majoration d’ici deux ou trois ans. « Un certain nombre d’entre nous souhaitent que l’on passe de 1 milliard à 2 milliards de F CFA », souligne un important assureur de la région.

Une question de crédibilité

La zone Cima semble d’ailleurs en retard par rapport à ses plus proches voisins. Sans parler du Nigeria, où le seuil minimal a été multiplié par plus de dix en 2007, les autorités ghanéennes ont fixé à 5 millions de dollars (3,6 millions d’euros) le capital requis pour exercer. Les sociétés présentes sur place, dont plusieurs sont d’ailleurs des filiales d’assureurs de la zone Cima, auront jusqu’à fin 2012 pour s’y conformer.

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L’avantage ? Permettre aux assureurs d’être plus crédibles vis-à-vis des clients, leur donner la possibilité d’assurer des risques plus importants, mais aussi de limiter le risque de non-paiement des dégâts. En zone Cima, où nombre de petits assureurs, notamment spécialisés dans l’assurance auto, traînent une mauvaise réputation, une nouvelle augmentation aurait du sens. « Mais il faudra peut-être différencier entre vie et non-vie, et peut-être aussi par pays, ajoute un assureur local. Quel est le sens d’un capital minimum à 1 milliard de F CFA pour la Centrafrique, quand le marché total de l’assurance dans ce pays dépasse à peine les 3 milliards de F CFA ? »

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