Côte d’Ivoire – Nigeria : un nouveau fanion pour NSIA

Déjà présent dans onze pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, le groupe NSIA (Côte d’Ivoire) vient de franchir un nouveau cap dans son expansion. À Lagos, au Nigeria, il a acquis 96,15 % du capital d’Adic Insurance.

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 10 août 2011 Lecture : 3 minutes.

Vingt milliards de F CFA. Soit environ 30,5 millions d’euros ! C’est le montant que vient de débourser la Nouvelle société interafricaine d’assurance (NSIA) pour décrocher son billet d’entrée sur le marché nigérian, le plus grand d’Afrique avec 155 millions d’habitants. Le groupe ivoirien, un des leaders du secteur dans les pays francophones, est ainsi devenu, mi-juillet, propriétaire d’Adic Insurance, jusque-là filiale de Diamond Bank, en acquérant 96,15 % de son capital. L’opération a été pilotée par la banque d’affaires panafricaine Vetiva Capital. Depuis le rachat à la Belgolaise de l’établissement bancaire BIAO-Côte d’Ivoire, en 2006 (lire encadré), NSIA n’avait pas réalisé un aussi gros investissement.

Nécessité d’innover

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« Nous comptons faire de cette nouvelle filiale nigériane le fanion du groupe », affirme Jean Kacou Diagou, président de NSIA. Si, à l’échelle du Nigeria, Adic Insurance reste une société de taille moyenne, Béné Lawson, directeur général de NSIA Assurance, assure que cette entreprise dispose de tous les atouts pour compter, à terme, parmi les leaders. Car, indique-t-il, « avec un chiffre d’affaires annuel de 10 milliards de F CFA en moyenne, elle est bien gérée et son fonctionnement est proche du nôtre ».

Le nouveau propriétaire d’Adic Insurance devra « sortir des offres de produits classiques [assurance auto, accidents, incendies, risques industriels, etc., NDLR] et innover pour toucher une plus large clientèle », estime Roger Dossou-Yovo, directeur général de l’Institut international des assurances, à Yaoundé. De ce point de vue, le développement de la microassurance – qui consiste, à l’instar de la microfinance, à proposer des produits d’assurances aux populations à bas revenus – peut être une piste.

Un pôle banque à développer

Après avoir rentabilisé BIAO-Côte d’Ivoire (43 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010), qu’il a racheté en 2006, le groupe NSIA a créé l’année dernière BIAO-Guinée, une nouvelle filiale bancaire dotée d’un capital de 7,6 millions d’euros. « Dans les années à venir, nous allons mettre l’accent sur l’expansion sous-régionale de notre activité bancaire », affirme Jean Kacou Diagou, président du groupe.

NSIA, qui a fait du concept de la bancassurance (s’appuyer sur les réseaux bancaires pour distribuer des produits d’assurances) un des points forts de sa stratégie, entend notamment procéder par de nouvelles acquisitions. De fait, le groupe suit avec « beaucoup d’intérêt » les processus de privatisation en cours dans les pays de la sous-région. Par exemple au Togo, où quatre banques publiques viennent d’être mises en vente.

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En plein essor

De plus, le contexte actuel à Lagos, marqué par une réforme de l’ensemble du secteur financier (banques, assurances…), devrait permettre à l’assureur ivoirien de se développer assez rapidement. Avec un volume de primes de plus de 1,2 milliard d’euros en 2010 et une croissance annuelle d’environ 30 % en moyenne au cours de ces cinq dernières années, le marché nigérian des assurances est en plein essor. La réforme du secteur, initiée en 2007 par la National Insurance Commission, a notamment interdit aux banques d’exercer dans l’assurance et relevé le capital social minimal exigé à 23 millions d’euros. Cela a entraîné un mouvement de concentration et dopé les performances du secteur. Le taux de pénétration de l’assurance est passé de 6 % à 10 % en quatre ans. Dans le même temps, la capitalisation du secteur, qui compte désormais une cinquantaine de sociétés (contre une centaine en 2007), est passée de 170 millions à plus de 2,5 milliards d’euros.

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Objectif Kinshasa

Pour profiter de cette embellie, NSIA (qui a engrangé 35 millions d’euros en 2009, en cédant 20 % de son capital au fonds d’investissement américain Emerging Capital Partners) devrait s’appuyer sur sa précédente expérience réussie au Ghana, un autre pays anglophone où il a racheté, début 2010, 80 % de CDH Insurance, devenu NSIA Ghana. « Au Nigeria, avec une même société, on peut exercer à la fois dans l’assurance-vie et non-vie, alors que dans la zone Cima [Conférence interafricaine des marchés d’assurances, qui couvre quatorze pays francophones d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale], il faut créer une entité distincte pour chacune de ces deux activités », explique Béné Lawson.

« Avec l’acquisition d’Adic Insurance, NSIA franchit un nouveau cap dans son expansion et prend une bonne longueur d’avance sur ses concurrents [notamment Sunu Assurances], qui pour le moment préfèrent se renforcer dans les pays francophones », estime un spécialiste du secteur.

Après le Nigeria, NSIA vise désormais l’Angola et surtout la RDC. « Un autre grand marché [66 millions d’habitants] où nous attendons que le secteur soit libéralisé », indique Béné Lawson. Dans ce vaste pays riche en ressources minières, la Société nationale d’assurances (Sonas) jouit d’une position de monopole et surfe sur de gros contrats dans l’industrie extractive. De quoi attiser les ambitions du groupe ivoirien.

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