Agriculture : l’UEMOA couvre ses paysans

En annonçant la création d’une assurance récolte, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) réalise une importante avancée sociale et économique. Une initiative bienvenue en cette période de crise alimentaire.

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Publié le 27 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) passe à l’action. Christian Adovèlandé, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), l’a confirmé en juillet à Lomé : son institution « envisage la mise en œuvre d’une assurance récolte, sous forme de projets pilotes, dans les huit pays de la zone au cours de la période 2011-2013 ». Convaincus par les conclusions de l’étude préliminaire lancée en 2010 par la banque, les chefs d’État de l’UEMOA sont prêts à relever ce défi « tout à fait réalisable aujourd’hui dans la région », selon le document.

Au Maroc aussi

Rabat s’est lancé : un accord sur un produit d’assurance multirisque climatique a été signé, le 24 août, entre l’État et la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (Mamda). Légumes et céréales, particulièrement exposés aux aléas climatiques, sont spécifiquement visés par cette couverture. Elle s’étendra dès la récolte 2011-2012 à quelque 300 000 ha, avec un objectif de 1 million d’hectares d’ici à 2015. L’État subventionnera de 53 % à 90 % de la cotisation de l’agriculteur, qui sera en définitive de 26 à 368 dirhams par hectare (de 2,30 à 32,70 euros). Michael Pauron

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Les experts de la BOAD explorent depuis longtemps cette piste, qu’ils estiment « très bien adaptée aux réalités du secteur », dans une région où l’agriculture emploie 80 % de la population et contribue à plus de 50 % des PIB. En plaçant la filière à l’abri des aléas climatiques, l’assurance récolte sécurise les investissements et permet aux paysans de disposer d’un capital pour redémarrer leur activité. Elle s’inscrit même, en cette période de crise alimentaire, comme une composante à part entière de la relance de la croissance agricole et de la réduction de la pauvreté.

En plus de stabiliser les revenus, « cet outil de gestion des risques très précieux pour les gouvernements », selon Christian Adovèlandé, va également faciliter l’accès au crédit. Les agriculteurs pourront alors « accroître les rendements de production, améliorer les pratiques agricoles et même favoriser la diversification des cultures », tout en générant un volume d’activités supplémentaires important pour les secteurs bancaire et financier.

« Pas en avant »

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Qualifiée de « pas en avant énorme » par les organisations paysannes de la région, l’initiative de l’UEMOA ne sera une réussite « que si elle tient compte de la spécificité de chaque pays et de ses caractéristiques agricoles », estiment leurs porte-parole, également présents à Lomé.

Avant son lancement officiel, la BOAD procédera à une évaluation technique et financière du mécanisme. Une seconde phase doit également être enclenchée pour définir les risques climatiques à assurer et décrire précisément le système de couverture à mettre en place, du dispositif de collecte des primes aux modalités de règlements des sinistres. Une fois ces dispositions prises, les huit membres de l’UEMOA pourront alors rejoindre l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi et le Sénégal au sein du club très restreint des pays subsahariens disposant d’une assurance récolte.

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