Mali : les assurances adaptent leur offre

De plus en plus de Maliens prennent conscience de la nécessité de se prémunir contre les coups durs. Une bonne nouvelle pour les compagnies d’assurances.

Publié le 4 octobre 2011 Lecture : 3 minutes.

Conséquence directe, les neuf compagnies présentes au Mali ont réalisé un chiffre d’affaires cumulé de 23 milliards de F CFA (35 millions d’euros) en 2010, contre 20 milliards en 2009 (soit une hausse de 15 %) et 15 milliards en 2005 (+ 53,3 % en cinq ans). Si ce résultat est encore modeste comparé à celui de la Côte d’Ivoire (plus de 120 milliards de F CFA), sa progression suffit à convaincre les professionnels de l’intérêt du marché.

« Les mentalités ont changé, confirme Mamadou Touré, directeur général de la Société nationale d’assurance-vie (Sonavie). Le système communautaire ne marchant plus, tout le monde a vu un frère ou un cousin connaître de graves difficultés financières une fois arrivé à la retraite, et cela pousse les gens à penser à se protéger. » En un an, le chiffre d’affaires de la Sonavie a grimpé de 15 % (de 2,540 milliards de F CFA en 2009 à 2,938 milliards en 2010) et les perspectives pour 2011 sont du même ordre, d’autant que la compagnie, qui compte près de 19 000 assurés en complémentaire retraite, commence à capter la clientèle du secteur informel. De même, Sabunyuma et la Nouvelle société interafricaine d’assurance – dont les deux filiales, NSIA Mali et NSIA Vie Mali, sont arrivées sur le marché en 2010 – se tournent vers les zones rurales et les coopératives villageoises pour recruter de nouveaux affiliés. 

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Notable progression de la bancarisation

Le marché bancaire se développe à un bon rythme, selon l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF) du Mali. D’ici à la fin 2012, le taux de bancarisation devrait atteindre les 20 %. En 2010, il s’est établi à 13,33 % (contre 9,21 % en 2004), institutions de microfinance comprises, et à 6,6 % pour les seuls établissements classiques, ce qui place le Mali au deuxième rang de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), derrière le Togo et devant le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire. Cette évolution a été portée par la loi sur la bancarisation de 2004 – qui rend obligatoire le paiement des salaires de l’administration par des moyens scripturaux -, par la simplification des démarches pour obtenir des moyens de paiement modernes et, enfin, par la multiplication des agences, dont le nombre est passé de 143 en 2006 à 286 en 2010.M.G.-B.

Chez Colina Mali, numéro un du marché avec un chiffre d’affaires de plus de 6 milliards de F CFA en 2010, celui « de la branche assurance maladie a doublé en deux ans pour atteindre 432 millions de F CFA en 2010. Il a déjà dépassé les 685 millions entre le 1er janvier et le 31 août 2011… et il reste encore un trimestre », précise Alou Tall, directeur technique et commercial du groupe.

Mieux indemniser. Pour mieux attirer les particuliers, les assureurs maliens adaptent leur offre. Ainsi, la Sonavie propose des cotisations d’épargne retraite à partir de 10 000 F CFA. Colina Mali a, quant à lui, élaboré un système de tiers payant, avec une carte d’assuré valable auprès d’un réseau de professionnels de santé (hôpitaux, centres de soins, médecins, pharmacies…).

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L’entrée en vigueur prochaine du régime d’assurance maladie obligatoire (AMO) devrait aussi bénéficier aux assureurs privés. Adoptée en 2009 et promulguée en 2010, la loi prévoit de garantir la couverture santé des Maliens jusqu’à 80 % pour certains actes médicaux. Ce qui devrait favoriser le développement des complémentaires santé, analyse Mamadou Touré. « Sur le long terme, cette mesure devrait profiter aussi bien aux assurés qu’aux assureurs, dans la mesure où les 20 % d’actes médicaux que le patient doit régler pourraient être pris en charge par l’assureur », explique le directeur de la Sonavie.

Pour l’avenir du secteur, les professionnels s’inquiètent de la crédibilité des compagnies. « Certains assureurs, peu rigoureux dans l’indemnisation des sinistres, entament la réputation de toute la profession, déplore Mamadou Fofana. Le défi de notre corporation, c’est de faire en sorte que ce genre de comportement disparaisse. » 

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