Shell tire sa révérence
Le géant pétrolier va céder son réseau de stations-service dans 21 pays africains. Mais le montant de la transaction pourrait refroidir les repreneurs locaux potentiels.
La société anglo-néerlandaise Shell cède ses activités du secteur « aval » dans « 21 pays d’Afrique* », a-t-elle officiellement annoncé le 1er avril dernier, après des semaines de rumeurs et de démentis. Concrètement, cela comprend l’ensemble du réseau (hormis l’Afrique du Sud) de distribution de carburants – 1 520 stations-service – et les activités annexes : lubrifiants, vente aux professionnels, aviation et marine, bitume, stockage et gaz de pétrole liquéfié (GPL).
Les salariés de Shell Oil Products Africa (filiale africaine de distribution) ont déjà commencé les négociations pour obtenir une prime de transfert avec la direction d’un groupe qui affirme privilégier la sauvegarde de l’emploi. Selon nos informations, le pétrolier préférerait céder d’un bloc l’ensemble de ses actifs à une entreprise, africaine de surcroît. Difficile d’estimer le coût de la transaction, même si les professionnels évaluent à 1 million de dollars en moyenne (plus ou moins 30 %) le coût d’implantation d’une station-service. Libya Oil a déclaré son intérêt, très tôt dans l’année, se disant prêt à débourser 1,4 milliard de dollars.
Pas de fermetures
À ce prix, les groupes africains seront peu nombreux à se manifester. Petroci, candidat naturel après son rachat avec le nigérian MRS des actifs ivoiriens de l’américain Chevron en 2009, sera hors course dans le cadre d’une vente unique. Outre Libya Oil, seul le sud-africain Engen (filiale du malaisien Petronas), avec qui Shell a entamé des pourparlers, présente de solides garanties. « Nous souhaitons que les actifs reviennent à une société africaine », déclare Joël Dervin, président de l’Association des raffineurs africains (ARA), qui préférerait une vente par blocs (Afrique de l’Ouest, centrale, australe). « Il ne faut pas de fermetures, ce serait incompréhensible quand on constate que, avec l’Asie, l’Afrique est le seul continent où la demande en carburant progresse de 2 % à 3 % par an », conclut-il.
L’opération réalisée, Shell restera présent en Afrique dans l’exploration et la production, activités plus stratégiques et rentables. Après Agip en 2000, Exxon en 2005, Shell aujourd’hui, « Chevron sera le prochain sur la liste », pronostique Stanislas Drochon, expert chez PFC Energy, qui précise : « Même s’il a tardé à se retirer, il a commencé en 2009. C’est le dernier historique encore présent dans la vente au détail, avec Total. » Le groupe français a, lui, toujours martelé qu’il voulait rester.
* Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Côte d’Ivoire, Burkina, Ghana, Togo, Sénégal, Mali, Guinée, Cap-Vert, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Botswana, Namibie, Madagascar, Maurice et La Réunion, ainsi que les activités GPL en Afrique du Sud.
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