RDC – Éric Dupond-Moretti : « La justice veut qu’on arrête de harceler Moïse Katumbi »
L’avocat français Éric Dupond-Moretti a annoncé mardi à Jeune Afrique son arrivée dans l’équipe de défense de l’opposant congolais Moïse Katumbi. Il revient sur les raisons qui l’ont motivé à prendre cette décision. Interview.
À la veille de la deuxième audition de Moïse Katumbi, prévue le 11 mai à l’office du procureur général près la cour d’Appel de l’ex-Katanga, dans le sud de la RD Congo, Me Éric Dupond-Moretti, surnommé l’« Ogre du Nord » ou « Acquittator » (pour ses multiples succès à la barre), a rejoint l’équipe de défense de l’opposant, fraîchement déclaré candidat à la présidentielle.
Depuis début mai, une enquête est ouverte contre cet ancien proche du président Joseph Kabila, passé à l’opposition. La justice congolaise le soupçonne d’avoir recruté des « mercenaires étrangers » dont des Américains. Des « allégations fausses », selon l’ambassade américaine à Kinshasa, qui affirme que son ressortissant, Darryl Lewis, arrêté le 24 avril à Lubumbashi, n’était qu’un simple « consultant en sécurité » de Moïse Katumbi.
Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous accepté de rejoindre l’équipe de défense de l’opposant Moïse Katumbi ?
Me Éric Dupond-Moretti : Parce que plusieurs organisations internationales, particulièrement celles qui ont pour préoccupation les droits de l’homme, ont dit d’ores et déjà que ces poursuites engagées contre Moïse Katumbi constituent une manipulation politique. C’est insupportable que l’on puisse envisager de persécuter un homme en raison de ses opinions politiques.
Le pouvoir veut contraindre Katumbi à l’exil, soit au pire
Comme Joseph Kabila [le président congolais dont le second mandat constitutionnel arrive à terme en décembre, NDLR] ne peut plus se représenter, la manœuvre du pouvoir consiste à essayer de contraindre M. Katumbi soit à l’exil soit au pire, parce que ce dernier a aujourd’hui toutes les chances d’être élu président de la République.
Nous demandons donc que la procédure qui a été engagée se fasse sous l’observation du monde entier.
C’est-à-dire ?
Des ONG par exemple. Voire de tous ceux qui veulent observer le bon déroulement de cette procédure.
Nous allons harceler, sur le plan médiatique, Monsieur Kabila
Votre client Moïse Katumbi est soupçonné d’avoir recruté des « mercenaires étrangers » dans le sud de la RD Congo. Il va être entendu de nouveau ce jeudi 11 mai au parquet général de l’ex-Katanga, à Lubumbashi. Que vous inspire cette affaire ?
Ce n’est pas du tout sérieux. Mais il fallait bien trouver un motif pour persécuter Moïse Katumbi et son entourage. Je peux vous garantir que nous allons harceler, sur le plan médiatique, Monsieur Kabila.
Justement, dans l’équipe de défense de Katumbi, votre rôle sera-t-il plus axé sur cette stratégie de harcèlement médiatique ?…
Ce sont les jours à venir qui vont décider d’abord du sort de Moïse Katumbi et, naturellement, du périmètre d’intervention de ses avocats.
Considérez-vous donc que toute cette affaire n’est qu’un prétexte pour nuire à l’opposant Katumbi ?
Bien sûr. Mais ce n’est pas que moi qui le considère. Plusieurs observateurs internationaux le disent aussi. C’est une évidence pour tous les gens sérieux et raisonnables.
Mais concrètement, quelle sera votre contribution au sein de l’équipe de défense de Katumbi, qui se trouve en RD Congo ?
Si Katumbi est empêché de participer à la présidentielle, personne ne dira que la présidentielle à venir est démocratique
Nous allons dire des choses pour ne pas laisser dormir cette affaire. Nous allons également réveiller ceux qui ne peuvent pas dormir du sommeil du juste dans un dossier pareil. Et s’il faut aller en RD Congo, nous y irons. Bien entendu sous l’égide d’une protection internationale. Parce qu’au fond, si ce procès qui se profile en est un, le pouvoir de Kinshasa n’a rien à craindre, mais si c’est un faux procès, il a à craindre le regard et la foudre de l’opinion publique.
J’ai défendu Michel-Thierry Atangana [détenu pendant 17 ans au Cameroun, NDLR] et nous avons fini par en trouver raison. Dans tous les cas, si Moïse Katumbi est détenu et empêché de participer au scrutin, personne ne pourra dire que la présidentielle à venir est une élection démocratique. La justice veut qu’on arrête de harceler Moïse Katumbi.
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