São Tomé-et-Príncipe – Satocao : dans les petits papiers des grands chocolatiers
Introduit au début du XIXe siècle en replacement de la canne à sucre, le cacao a fait la fortune de São Tomé-et-Príncipe. En déclin depuis l’indépendance, la principale filière est en plein redémarrage. À la manœuvre, des milliers de petits producteurs et de rares industriels, parmi lesquels Satocao. En moins de cinq ans, le groupe européen a permis à l’archipel de regagner ses lettres de noblesse auprès chocolatiers les plus exigeants.
Ses plantations sont réparties dans plusieurs régions de l’île. Ses bureaux et son centre technologique et industriel inauguré en 2013, qui comprend un laboratoire, des unités de transformation du cacao frais (caisses de fermentation, tables de séchage solaire en bois) et des magasins de stockage, sont installés à Morro Peixe, sur le littoral nord de São Tomé, dans le district de Lobata, à une trentaine de kilomètres de la capitale. « C’est un site stratégique, depuis lequel on peut facilement se rendre dans l’Ouest et dans l’Est de l’île. En outre, c’est une zone peu humide, favorable au stockage et au séchage du cacao », explique Frédéric Pedron, le directeur des opérations de Satocao.
Fondée en 2010 par des investisseurs suisses, l’entreprise a démarré ses activités en 2011, après que le gouvernement lui ait octroyé une concession pour une durée de vingt-cinq ans renouvelable. Le premier volet du contrat concerne la replantation de 2 500 hectares de cacaoyères qui avaient été laissées à l’abandon depuis vingt voire quarante ans. Le second volet porte sur le « projet villageois », par lequel Satocao s’engage à apporter des conseils et un appui technique, organisationnel et financier aux petits et moyens producteurs. « L’objectif est de diffuser de bonnes pratiques culturales pour obtenir des “cacaos d’excellence” [slogan de l’entreprise] », souligne Frédéric Pedron. Le projet villageois, les opérations de replantation et l’installation du centre technologique et industriel représente un investissement global de plus de 12 millions d’euros et la création de 900 emplois directs, dont plus de 99 % occupés par des Santoméens.
Le créneau de l’excellence
De 2012 à 2015, Satocao a replanté 1 800 ha de cacaoyers. Les 700 ha restant le seront d’ici à 2017. Le projet villageois concerne quant à lui près de 8 000 agriculteurs et repose principalement sur les 68 communautés devenues partenaires de l’entreprise, soit 2 700 planteurs. « Ils bénéficient d’une formation technique hebdomadaire et ont été équipés de motos », précise Frédéric Pedron. Ces trois dernières années, les communautés villageoises ont produit environ 3 000 tonnes de cacao, qui ont été exportées par Satocao. « Notre objectif est de passer à 3 000 t par an “en vitesse de croisière”, à partir des plantations villageoises et des nôtres », confie le directeur des opérations.
Le laboratoire de l’entreprise travaille en étroite collaboration avec le Centre d’investigation agronomique et technique (Ciat) de São Tomé et le Centre français de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) pour obtenir le cacao sec le plus subtil possible. Depuis décembre 2014, Satocao s’est par ailleurs engagée dans un processus de certification, qui a déjà permis à 400 de ses partenaires producteurs d’obtenir l’appellation « biologique » en 2015. « Nous ne faisons pas d’agriculture intensive. Nous avons mis en place des techniques de production modernes, mais nous replantons de manière traditionnelle, avec du matériel végétal issu des jardins semenciers de l’île, afin de valoriser son terroir », assure Frédéric Pedron.
Un soin tout particulier est porté aux opérations post-récolte, c’est-à-dire la fermentation et le séchage, deux étapes clefs pour la qualité du cacao et cruciales pour l’entreprise, qui vend sa production à des chocolatiers européens de renom. Des clients exigeants, avec lesquels les contrats sont régis par les règles de la Fédération du commerce du cacao (FCC Rules), et qui ne manquent pas de venir visiter les plantations et les infrastructures de Satocao. Qu’à cela ne tienne puisque, sur le créneau de l’excellence, comme sur celui du bio-équitable, le marché est extrêmement porteur. « La demande est supérieure à l’offre et les cours sont en hausse », se félicite Frédéric Pedron.
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