RD Congo-Ouganda : entre les deux, de l’or noir
Kampala et Kinshasa s’opposent sur le tracé de la frontière entre les deux pays. En jeu : le pétrole dont regorgent les sous-sols du bassin du lac Albert et de la rivière Semliki qui séparent les deux États.
« Nous savons qu’il y a du pétrole autour et sous le lac Albert. Et quand il y a du pétrole en jeu, vous ne savez jamais ce qui peut arriver. Cela peut déboucher sur un conflit. » Cette déclaration d’une chercheuse de l’Autorité nationale ougandaise de gestion de l’environnement (Nema), en 2009, à l’AFP, résume bien les raisons du différend qui oppose Kampala et Kinshasa. Officiellement, il porte sur le tracé de la frontière entre les deux pays. Mais ses vraies raisons se trouvent dans le pétrole dont regorgent les sous-sols du bassin du lac Albert et de la rivière Semliki qui séparent les deux États.
Si du côté congolais très peu de prospections ont été menées, en Ouganda, des forages et des études sismiques ont révélé des gisements pouvant atteindre 2,2 milliards de barils, une quantité supérieure aux réserves prouvées de la Guinée équatoriale (1,7 milliard de barils) ou encore du Congo-Brazzaville (180 millions de barils). Et il ne s’agit là que des résultats de la prospection de 30 % de la zone, dont la richesse en hydrocarbures ne cesse d’attirer les majors (ENI, Total, Cnooc et récemment Lukoil…). Pour la RD Congo et l’Ouganda, qui s’accusent mutuellement d’empiéter sur leurs territoires réciproques, chaque portion de terre gagnée correspond à des barils de pétrole supplémentaires. La RD Congo, déjà productrice de pétrole, veut accroître ses réserves actuellement estimées à 1,3 milliard de barils, mais aussi augmenter sa production. L’enjeu est encore plus important pour l’Ouganda. Le pays, qui importe actuellement 600 000 tonnes d’hydrocarbures par an pour plus de 250 millions de dollars, espère couvrir ses besoins domestiques de 11 000 barils par jour (b/j) et devenir exportateur. La construction d’une raffinerie pouvant produire jusqu’à 200 000 b/j est à l’étude avec des investisseurs étrangers. Le groupe français Total et le chinois Cnooc sont en lice pour développer ces projets dont le besoin en financement est estimé à près de 15 milliards de dollars. D’ici là, les commissions mises en place par chaque pays devront rendre des rapports avec des propositions de tracé de la frontière. « Quoi qu’il arrive, assure le porte-parole du gouvernement congolais, le ministre Lambert Mende, les deux pays se sont mis d’accord pour une exploitation commune des gisements qui se trouveront à cheval sur leur frontière commune. »
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