La France demande au Tchad « de faire toute la lumière » sur la disparition présumée de militaires

La France a appelé jeudi les autorités tchadiennes à faire « toute la lumière » sur des disparitions présumées de militaires après la présidentielle du 10 avril remportée par Idriss Déby Itno. Paris a également accordé un visa à l’opposant Mahamat Ahmat Lazina qui était jusqu’alors porté disparu.

Les troupes tchadiennes, en mai 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Les troupes tchadiennes, en mai 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

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Publié le 12 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Plus d’un mois après l’élection présidentielle tchadienne, la France s’est pour la première fois exprimée sur l’affaire des militaires présumés disparus. Interrogé jeudi 12 mai, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, a déclaré que Paris « s’inquiète, comme ses partenaires de la communauté internationale, des disparitions signalées par les organisations de défense des droits de l’homme, de militaires tchadiens ».

« Nous souhaitons qu’une enquête des autorités tchadiennes permette de faire toute la lumière sur ces affaires », a-t-il ajouté.

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Selon Saleh Kebzabo, le principal candidat de l’opposition à l’élection présidentielle du 10 avril, près de 60 militaires sont portés disparus pour ne pas avoir respecté la consigne de vote de l’armée en faveur du chef de l’État, Idriss Déby Itno. De leur côté, Amnesty International et la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) ont fait état de plus de vingt cas de disparitions présumées de militaires et policiers.

« Candidat n°2 »

Fin avril, plusieurs membres de la police confiaient à Jeune Afrique avoir été détenus pendant quelques heures au commissariat central de N’Djamena le 9 avril immédiatement après avoir voté au bureau de la chambre de commerce. « Au moment de voter, un officier nous intimait de voter pour le candidat n°2, Déby. Tous ceux qui ont cherché à s’isoler pour voter ont été emmenés », affirmait l’un d’eux.

À N’Djamena, une enquête a été ouverte par la police judiciaire le 20 avril. Les autorités ont affirmé que les personnes concernées avaient été déployées en mission commandée et, le 21 avril, quatre des présumés disparus ont été présentés à la télévision nationale. Mais leurs familles n’ont reçu depuis aucune nouvelle sur leur sort, selon Amnesty.

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Selon une source officielle française, l’affaire a été évoquée avec le président Déby par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors de sa visite dans la capitale tchadienne le 29 avril. IDI a démenti les allégations et répété que les militaires concernés étaient en mission à l’intérieur du pays.

Un visa pour Mahamat Ahmat Lazina

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Cette même source précise que l’opposant Mahamat Ahmat Lazina, jusqu’alors porté disparu depuis le 18 avril, a fait une demande de visa à la France. « Nous avons donné notre accord, mais le document ne lui a pas encore été délivré », ajoute une autre source diplomatique française.

Le président du Mouvement national pour le changement au Tchad (MNCT) a fait une première demande fin avril depuis le Cameroun, avant de quitter le pays et d’en effectuer une seconde dans un autre pays d’Afrique de l’Ouest.

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