Malaisie : Anwar Ibrahim, la rage au coeur

Condamné à cinq ans de prison pour sodomie, et ainsi écarté de la vie politique, le chef de l’opposition malaisienne crie à la machination.

Les ennuis judiciaires d’Anwar Ibrahim ont commencé en 1998. © AP/Sipa

Les ennuis judiciaires d’Anwar Ibrahim ont commencé en 1998. © AP/Sipa

Publié le 17 février 2015 Lecture : 1 minute.

"On ne me fera pas taire ! Allah est mon témoin, jamais je ne céderai !" L’homme qui hurle ainsi sa colère à ses juges, c’est Anwar Ibrahim, leader emblématique de l’opposition, que la Cour fédérale de Malaisie vient, ce 10 février, de condamner à cinq ans de prison pour sodomie. "En vous inclinant devant vos maîtres politiques, vous vous rendez complices d’un crime. Vous avez choisi d’être du mauvais côté", poursuit le futur détenu avant d’être traîné hors du tribunal.

La sentence met un point final au harcèlement politique dont fait l’objet depuis 1998 celui qui fut plusieurs fois ministre, mais aussi vice-Premier ministre (1993-1998) et dauphin du Premier ministre Mahathir Mohamad (au pouvoir de 1981 à 2003). Avant que ses critiques de plus en plus virulentes sur la corruption et le népotisme au sein du gouvernement ne le fassent tomber en disgrâce : du jour au lendemain, en 1998, Anwar Ibrahim est limogé, puis arrêté en 1999 et condamné à six années de prison pour abus de pouvoir et sodomie. Le plaignant est son chauffeur. En Malaisie musulmane, cette pratique sexuelle est un crime passible de vingt ans de prison.

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Quand il sortira de prison, il aura 72 ans

Libéré en 2004, Anwar est de nouveau accusé quatre ans plus tard. Par son secrétaire cette fois-ci, mais surtout en pleine campagne électorale. Puis encore une fois acquitté, avant que la cour d’appel ne revienne sur ce jugement en mars 2014, à la veille d’élections locales. Aux yeux d’Anwar Ibrahim, qui nie les faits qu’on lui reproche, son unique "crime" est d’avoir réussi à faire trembler le Barisan nasional, l’inamovible parti au pouvoir, lors des législatives de 2013. Aujourd’hui, le chef de l’opposition semble définitivement écarté de la vie politique puisqu’il ne peut plus faire appel : quand il sortira de prison, il aura 72 ans.

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