Français battu à mort en Égypte : des détenus condamnés, doute de la famille

Six détenus ont été condamnés dimanche à sept ans de prison en Égypte accusés d’avoir battu à mort un Français en 2013 dans la cellule d’un commissariat, la défense et la famille de la victime accusant, eux, les policiers.

La police égyptienne est régulièrement accusée de torturer des détenus. © AFP

La police égyptienne est régulièrement accusée de torturer des détenus. © AFP

Publié le 15 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

Eric Lang, 49 ans, qui enseignait le français en Egypte, est décédé après avoir été violemment battu le 13 septembre 2013, alors qu’il était détenu depuis six jours dans un commissariat du Caire, après avoir été arrêté dans la rue parce qu’il n’avait pas de pièce d’identité et que son passeport, apporté plus tard aux policiers, ne portait pas de visa de séjour valide, selon les autorités.

Selon l’acte d’accusation, il aurait été roué de coups par six codétenus dans sa cellule. Ces six hommes ont été déclarés coupables de « coups ayant entraîné la mort » dimanche par un tribunal du Caire, selon un verdict lu par un greffier. Ils ont été condamnés à sept ans de prison.

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Les avocats des condamnés, qui entendent faire appel, ont remis en cause, lors de leurs plaidoiries, la version de l’accusation, affirmant que l’autopsie a démontré que M. Lang avait été battu à mort avec une barre, six heures durant selon l’un d’eux. Par conséquent, ce meurtre ne pouvait être que l??uvre des policiers ou au moins avec leur complicité ou consentement, selon les avocats.

La mère et la soeur d’Eric Lang, elles aussi, remettent en cause la version officielle. Elles ont déposé plainte en Egypte contre deux commissaires de police et le ministre de l’Intérieur notamment pour « séquestration » et « non-assistance à personne en danger », sans résultat pour l’heure.

La police égyptienne est régulièrement accusée par les organisations internationales et égyptiennes de défense des droits de l’Homme de torturer et tuer des détenus.

Ce verdict intervient en pleine querelle diplomatique entre l’Italie et l’Egypte à propos de la mort du jeune étudiant italien Giulio Regeni en février dernier, dont le corps a été retrouvé dans un fossé, portant les stigmates d’épouvantables tortures, neuf jours après avoir été enlevé au centre du Caire.

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Après avoir initialement parlé d’un accident de voiture, la police avait accusé un gang criminel, mais les diplomates occidentaux au Caire et la presse italienne soupçonnent ouvertement des services de sécurité de l’avoir arrêté et horriblement torturé des jours durant, ce que le gouvernement égyptien nie farouchement.

Insatisfaite des conclusions sur le gang criminel et des progrès de l’enquête, l’Italie a rappelé son ambassadeur au Caire.

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Depuis qu’il a destitué, le 3 juillet 2013, son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi élu démocratiquement, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, ex-chef de la toute puissante armée, dirige un régime ultra-autoritaire selon les organisations internationales de défense des droits de l’Homme, et réprime impitoyablement toute opposition ou voix critique.

Les autorités avaient assuré qu’Eric Lang avait été arrêté « parce qu’il était en état d’ébriété », a expliqué l’avocat de sa famille Amr Hassan à l’AFP. Un magistrat du parquet avait ordonné la remise en liberté de M. Lang au lendemain de son arrestation, ce qui n’a jamais été fait, sa mort ayant été constatée après six jours de détention.

« Le lendemain de son interpellation, un magistrat a décidé de le libérer. Donc jusqu’à sa mort, il était en détention arbitraire », confirmait le 13 avril dernier l’avocat français de la famille, Me Raphaël Kempf.

« Il a été arrêté, torturé, tué pour rien, et la France n’a pas aidé à le sortir quand il devait être extradé », avait aussi déploré le 13 avril Nicole Prost, la mère de M. Lang.

« La France est mobilisée, à Paris comme au Caire, pour que toute la lumière soit faite sur cette tragédie et a demandé aux autorités égyptiennes de s’assurer qu?il n?y aura pas d?impunité et que les responsables seront traduits devant la justice », avait répondu le ministère français des Affaires étrangères.

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