Missions de maintien de la paix : l’ONU face au défi des violences sexuelles

L’ONU a indiqué mardi avoir recensé depuis le début de l’année 44 accusations d’abus sexuels qui auraient été commis par ses Casques bleus, même si les faits remontent souvent aux années précédentes. 29 concernent sa mission en Centrafrique, la Minusca.

Une patrouille de Casques bleus dans l’est de la RD Congo, le 9 avril 2015. © Monusco/CC/Flickr

Une patrouille de Casques bleus dans l’est de la RD Congo, le 9 avril 2015. © Monusco/CC/Flickr

Publié le 18 mai 2016 Lecture : 2 minutes.

Sur les 44 cas d’abus sexuels recensés, 29 concernent la Minusca, la mission de l’ONU en Centrafrique. Ce décompte n’inclut pas les accusations révélées début avril et mettant en cause la force française Sangaris en Centrafrique (RCA) ainsi que les contingents burundais et gabonais de la Minusca. « L’enquête sur ces cas n’est pas terminée », a précisé le porte-parole de l’ONU Stéphane Dujarric.

Sept cas ont aussi été recensés en République démocratique du Congo (RD Congo), deux en Haïti et d’autres en Côte d’Ivoire, Soudan du Sud ou Mali notamment. La plupart des faits remontent aux années précédentes.

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Les soldats ou policiers soupçonnés viennent pour la plupart de République démocratique du Congo et du Congo-Brazzaville, ainsi que du Niger, du Maroc et d’Afrique du Sud, selon un décompte publié mardi par l’ONU.

« C’est scandaleux », a déclaré mardi l’Américaine Jane Holl Lute, chargée par l’institution de coordonner la lutte contre les abus sexuels commis par des Casques bleus.

« Grave défaillance »

Depuis sa nomination en février, elle s’est depuis rendue en RCA et en RD Congo, où elle a rencontré plusieurs fois les responsables des pays fournisseurs de Casques bleus. « Il y a eu une grave défaillance de la chaîne de commandement au sein des unités impliquées » de la Minusca, estime-t-elle. « Il faut créer un environnement de tels agissements ne seront pas tolérés. »

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« Nous nous attendons à découvrir davantage de cas encore », explique Jane Holl Lute. Mais ces nouveaux cas « attireront immédiatement l’attention au plus haut niveau » des Nations unies. « La priorité numéro un est de sensibiliser tous les échelons du système », précise-t-elle.

L’un des défis onusiens est de pousser les pays fournisseurs à mener rapidement des enquêtes et à prendre des sanctions contre leurs hommes. L’Afrique du Sud vient ainsi d’annoncer qu’elle allait mettre en place des cours martiales in situ en RD Congo pour juger ses soldats soupçonnés.

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Test ADN

Les Nations unies envisagent de relever les empreintes génétiques des Casques bleus avant déploiement afin de pouvoir mener des tests ADN le cas échéant, ainsi que de cesser de payer leurs soldes quand ils font l’objet d’accusations crédibles de viol ou d’exploitation sexuelle.

En 2015, l’ONU avait recensé 69 cas d’abus sexuels présumés. Ils étaient concentrés là aussi sur la RCA et la RDC et impliquaient des Casques bleus de 21 pays. Seuls 26 cas ont fait l’objet d’enquêtes abouties dans les pays concernés, qui ont entraîné des peines de prison de quelques semaines contre trois soldats.

Pour les faits recueillis en 2016, trois enquêtes ont pour l’instant abouti et deux militaires ont été punis de peines de prison.

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