Burundi : le président Nkurunziza sourd à l’appel contre un troisième mandat
Le président burundais Pierre Nkurunziza, soupçonné de vouloir rempiler pour un troisième mandat en juin, a opposé dimanche « une fin de non-recevoir » au collectif « Campagne citoyenne Halte au 3e mandat ».
Le 4 février, le collectif "Campagne citoyenne Halte au 3e mandat", lancé il y a trois semaines et qui regroupe 304 associations de la société civile, avait adressé une discrète lettre au chef de l’Etat burundais lui enjoignant de "s’abstenir de briguer un troisième mandat".
Sans réponse de sa part, le collectif a appelé mercredi Nkurunziza à "prendre exemple" sur son homologue de RDC en annonçant tout de suite qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat afin de "prévenir de nouvelles violences" au Burundi.
"Nous opposons une fin de non-recevoir à cette correspondance parce que le président Pierre Nkurunziza s’est déjà exprimé à plusieurs reprises" et a "toujours dit que c’est son parti le Cndd-FDD qui choisira son candidat, dans le respect de la Constitution", a réagi dimanche auprès de l’AFP Willy Nyamitwe, conseiller principal de Nkurunziza chargé de la communication. Et quel que soit ce candidat, il "devra respecter la Constitution du Burundi", a poursuivi ce proche du président burundais.
Des "violences évidentes" si Nkurunziza se représente
"Nous lui disons qu’il n’est pas encore trop tard pour qu’il fléchisse sa position, pour qu’il sorte de son silence et dise qu’il y renonce. Cela préviendrait les violences évidentes qui auront lieu s’il se représente", a déclaré à l’AFP Vital Nshimirimana, l’un des leaders de du collectif "Halte au troisième mandat".
"Quiconque appellera les gens à descendre dans la rue pour tout casser sera considéré comme un fauteur de trouble et sera traité comme tel (…) car le peuple burundais aspire à la paix et ne restera pas les bras croisés", a rétorqué dimanche Willy Nyamitwece.
Le Burundi s’apprête à organiser des communales et des législatives couplées en mai, suivies en juin par des présidentielles, qualifiées de cruciales pour l’avenir de ce pays qui est sorti en 2006 de 13 années de guerre civile qui ont ruiné son économie.
Le président Nkurunziza, élu pour la première fois en 2005, n’a jamais fait mystère de son intention de briguer un 3e mandat en se basant sur un article ambigu de la Constitution, alors que la grande majorité de la classe politique, l’église catholique et la société civile y sont hostiles. L’accord de paix pour le Burundi signé en 2000 à Arusha (Tanzanie) énonce clairement qu’aucun président burundais ne pourra diriger ce pays plus de 10 ans.
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