Le FMI recommande à l’Algérie « d’envisager d’emprunter à l’extérieur »
Une mission du Fonds monétaire international (FMI), qui s’est rendu dans le pays mi-mai, suggère aux autorités algériennes l’emprunt extérieur et l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques, pour faire face à la baisse de l’épargne publique. Une option pour le moment écartée alors qu’un emprunt obligataire national a été lancé en avril.
La mission en Algérie du Fonds monétaire international (FMI), qui s’est achevée le 16 mai, s’est livrée à un délicat exercice d’équilibre, dans son compte-rendu publié le 19 mai.
Dans leur évaluation, approuvée par le conseil d’administration du Fonds, les experts du FMI ont dressé un diagnostic assez sévère d’une économie algérienne « confrontée à un choc extérieur de grande ampleur et probablement durable, qui nécessite de la part des autorités une réponse vigoureuse ».
Le recul du cours du pétrole, qui représente 60 % des recettes publiques et 95 % des recettes d’exportations de l’Algérie, a nettement affecté l’économie du pays. En 2015, le déficit budgétaire a doublé à 16 % du PIB, tandis que les réserves extérieures ont reculé de 35 milliards de dollars, le déficit extérieur courant, en pourcentage de la production nationale, a quadruplé, passant de 4,4 % à 16,2 %, tandis que le taux de change effectif du dinar algérien a baissé de -4,3 %, estiment les équipes du FMI.
Si la croissance résiste (+3,9 % en 2015, contre +3,8% en 2014), la dégradation des soldes budgétaire et extérieur consécutive à la chute du prix du brut « a mis au jour des vulnérabilités présentes de longue date dans une économie dirigée par l’État et excessivement tributaire des hydrocarbures », écrivent les économistes de l’institution financière internationale.
Pour rétablir les équilibres macroéconomiques, les experts du Fonds recommandent « un assainissement soutenu des finances publiques à moyen terme accompagné d’une masse critique de réformes structurelles pour diversifier l’économie ».
Pêle-mêle, ils suggèrent à l’Algérie de maîtriser les dépenses courantes, poursuivre la réduction des subventions « tout en protégeant les populations pauvres », mobiliser davantage de recettes hors hydrocarbures et renforcer l’efficacité des investissements publics.
Endettement extérieur
Preuve du caractère aigu des inquiétudes du FMI pour l’économie algérienne, les responsables du fonds se sont risqués à aborder un sujet des plus sensibles : l’endettement extérieur.
Lourdement endettée durant la décennie noire des années 1990 (sa dette a atteint 32 milliards de dollars), l’Algerie a dû passer sous la tutelle du FMI pour cessation de paiement. Un épisode difficile qui a marqué le pays et que les autorités algériennes se sont jurées de ne pas revivre.
De fait, depuis 1999, profitant de l’envolée des cours du brut, l’Algérie a engrangé près de 800 milliards de dollars, remboursé ses dettes, et même prêté 5 milliards de dollars au FMI en octobre 2012.
Pour autant, dans le communiqué publié le 19 mai, les économistes du Fonds s’y risquent, prenant moult précautions de langage : « La diminution rapide de l’épargne budgétaire signifie que l’Algérie devra emprunter davantage pour financer les déficits futurs. Outre le recours accru à l’émission de titres d’emprunt nationaux, les autorités devraient aussi envisager d’emprunter à l’extérieur et d’ouvrir, dans la transparence, le capital de certaines entreprises publiques à des acteurs privés. »
Pas sûr que cet appel du pied sera entendu à Alger. Malgré leur recul marqué depuis 2013 (elles atteignaient 192 milliards de dollars), les réserves du pays restent encore importantes : 143 milliards de dollars. Le FMI a, en tout cas, émis ses recommandations. Ou plutôt ses… suggestions.
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